"Faire payer les entreprises qui ne jouent pas le jeu": Marylise Léon (CFDT) dénonce "le musée des horreurs" des annonces de Bayrou

Une "vision paresseuse, passéiste". Telle est l'appréciation de Marylise Léon de la feuille de route présentée par François Bayrou pour réduire le déficit public. Au micro de France Inter jeudi matin, la Secrétaire générale de la CFDT estime que "le monde du travail ne peut pas accepter le budget tel qu'il a été présenté".
"On a besoin de réponses justes, elles ne le sont pas", assène-t-elle.
Si la responsable admet une situation budgétaire "inquiétante et grave", elle dénonce des "coupes extrêmement lourdes", qui déboucheront sur des baisses d'investissements "qui peuvent compromettre l'avenir, la transition écologiste". Surtout, Marylise Léon épingle un "effort absolument pas partagé entre les entreprises et les salariés. Les travailleurs comprennent que la situation est exceptionnelle, mais il faut que les efforts soient partagés. Et aujourd'hui, ce n'est absolument pas le cas."
Et de pointer notamment différentes mesures annoncées comme la suppression de deux jours fériés ou une nouvelle réforme de l'assurance chômage. "C'est non, car c'est construire un monde du travail qu'on ne veut pas, c'est plus de précarité", dit-elle.
"Je crains une nouvelle hausse du chômage donc ça rend impératif que le gouvernement change sa manière de penser, l'assurance chômage n'est pas trop généreuse".
"Musée des horreurs"
Quant à la monétisation possible de la cinquième semaine de congés payés, elle évoque "un musée des horreurs" : "le sujet, c'est le partage de la valeur et les rémunérations, c'est le sujet numéro un. C'est pas au salarié de se payer de la marge de manoeuvre en rognant sur ses congés".
"On a un vrai déficit de recettes", affirme la représentante syndicale qui salue notamment la taxe Zucman sur les très hauts revenus : "on la soutient car c'est juste fiscalement, ça peut rapporter 20 milliards". Ou encore les aides versées aux entreprises.
Il faut "faire payer les entreprises qui ne jouent pas le jeu, elles bénéficient d'aides dont elles ne sentent pas comptables car il n'y a pas d'évaluation".
Dans son viseur, le Crédit impôt recherche que le gouvernement ne veut pas faire évoluer. "On sait que des entreprises en bénéficient mais ne font pas de recherches. Elles doivent rendre des comptes, ce sont 211 milliards d'euros, il faut expliquer ce qu'elles font des finances publiques".
Concernant les prochaines étapes, Marylise Léon considère que ces annonces sont une première donne et que vient désormais le temps de la discussion "pour faire reculer des mesures".
"Mais fin août, début septembre, la mobilisation de la CFDT n'est pas du tout exclue", prévient-elle.