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INFOGRAPHIE. Le système d'assurance-chômage de la France est-il (vraiment) plus généreux qu'ailleurs?

Les règles d'assurance-chômage pourraient à nouveau être négociées à la rentrée.

Les règles d'assurance-chômage pourraient à nouveau être négociées à la rentrée. - Denis CHARLET © 2019 AFP

Alors qu'une nouvelle convention d'assurance-chômage est entrée en vigueur au printemps, le gouvernement souhaite déjà réformer le système d'indemnisation des demandeurs d'emploi. Par rapport à ses voisins européens, la France est plus ou moins généreuse envers les chômeurs.

L'assurance-chômage à la française est-elle trop généreuse? C'est en tout cas ce que laissent entendre les premiers échanges entre la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, et les partenaires sociaux qu'elle a reçus en début de semaine. Lundi 21 juillet en effet, elle a présenté à la CFDT et la CFTC - les deux seuls syndicats ayant bien accepté de la rencontrer depuis les annonces budgétaires de François Bayrou - les grandes orientations qui pourraient guider les nouvelles négociations à la rentrée, si elles ont lieu.

Il serait question de réduire la voilure sur la durée d'indemnisation, notamment en rabotant la période de référence d'affiliation (PRA), et de rallonger la durée de travail requise pour ouvrir les droits aux allocations chômage, comme le souhaitait Gabriel Attal lorsqu'il était encore Premier ministre.

La durée d'indemnisation en dessous de la moyenne européenne

Selon les paramètres, le système d'assurance-chômage français est plus ou moins confortable pour les demandeurs d'emplois, que ceux d'autres pays européens.

"Ils nous ont présenté des tableaux comparatifs avec d'autres pays, suggérant que la durée maximale d'indemnisation des chômeurs en France, qui est de 18 mois, est supérieure à la moyenne européenne qui tourne autour de 15 mois", relate Cyril Chabanier, président de la CFTC.

En France en effet, tout demandeur d'emploi touche des allocations chômage pendant au minimum six mois, conformément à la durée de travail minimale requise pour ouvrir les droits, et pendant 18 mois maximum pour les moins de 55 ans, 22,5 mois pour les 55-56 ans et 27 mois pour les plus de 57 ans.

Les règles sont moins favorables en Espagne où la durée minimale d'indemnisation n'excède pas 3 mois. Les demandeurs d'emploi espagnols ne peuvent pas toucher d'allocation au-delà de 24 mois de versements.

D'autres systèmes d'assurance chômage sont encore plus rigides, comme en Suède: les aides ne sont plus versées passé 10 mois, voire 15 mois si le demandeur d'emploi a un enfant à charge.

À l'inverse, le système norvégien semble plus généreux: les demandeurs d'emploi sont en effet indemnisés pendant au moins un an et jusqu'à 24 mois maximum. Tout dépend du montant du revenu de référence de l'allocataire.

En Belgique, la durée d'indemnisation est même illimitée: "Après une période de 48 mois durant laquelle le montant de l'allocation est dégressif, le demandeur d'emploi perçoit une allocation forfaitaire pour une durée en principe illimitée", indique l'Unédic dans une étude comparative publiée en octobre 2024.

Les Français travaillent moins qu'ailleurs pour avoir droit au chômage

Le système d'assurance-chômage français figure surtout parmi les plus généreux du Vieux-Continent en termes de durée de travail requise pour ouvrir les droits aux indemnités. Actuellement, seuls six mois de travail sont en effet nécessaire pour déclencher les versements aux demandeurs d'emplois.

Si c'est aussi le cas au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Suède, d'autres pays européens exigent des demandeurs d'emplois qu'ils aient travaillé plus longtemps pour leur verser des allocations chômage.

Au moins 12 mois de travail sont en effet requis pour toucher le chômage en Allemagne, Espagne, Finlande, au Portugal, en Suisse et en Belgique. L'Irlande est même plus exigeante puisque les demandeurs d'emplois doivent justifier d'au moins deux ans de travail pour être indemnisés.

En revanche, certains pays européens sont plus ou moins tolérants que la france en termes de période de référence d'affiliation (PRA). En France, il faut avoir travaillé six mois au cours des deux dernières années pour les moins de 55 ans, ou six mois sur les 36 derniers mois pour les plus âgés.

L'Irlande est de loin la plus généreuse sur ce paramètre puisqu'elle n'impose pas de limite de durée: les demandeurs d'emplois doivent certes justifier de 24 mois de travail, mais sur toute leur carrière. En Espagne, il faut avoir travaillé un an au cours des 6 dernières années. L'Italie requiert quant à elle au moins 3 mois de travail sur une période de 4 ans, tout en ayant travaillé au moins 30 jours au cours des 12 derniers mois précédant la perte d'emploi.

Caroline Robin