Inflation: dans quelles régions les Français épargnent-ils le plus?

Face à l'inflation, les Français ne gèrent pas leur épargne de la même façon d'une région à l'autre. C'est ce que montre chaque année le "baromètre de l'épargne en France et en régions" réalisé par l'Ifop pour Altaprofits, société de conseil en gestion de patrimoine sur Internet. Cette année, l'étude a sollicité un échantillon de 2407 personnes représentatif de la population française majeure entre les 3 et 12 avril derniers. Il en ressort que "l'épargne en France reste un ilôt de stabilité qui résiste à l'inflation". Depuis trois ans, une très large majorité de Français (84%) possède au moins un produit d'épargne et la quasi-totalité d'entre eux (94%) ont déclaré y avoir placé de l'argent.
L'aversion au risque baisse mais reste forte
L'un des chiffres marquants du baromètre 2023 est que près de deux Français sur trois n'envisagent pas ou peu de toucher à leur épargne afin de la conserver pour des projets futurs. "Tandis que 29 % prélèvent de l'argent sur leurs placements, quitte à remettre en cause certains projets, 8 % épargnent davantage pour garantir leur pouvoir d'achat dans le futur en cas de hausse continuelle des prix", précise l'étude. Dans le détail, ce sont les habitants de Nouvelle-Aquitaine qui ont le plus tendance à garder leurs projets futurs en tête (70%). Ceux des Hauts-de-France ont particulièrement intensifié leur effort d'épargne en ce sens (14% d'entre eux). En revanche, les Normands et habitants du Grand-Est sont plus d'un tiers à prélever de l'argent quitte à remettre en cause certains projets.
Plus de trois Français sur quatre ne prévoient pas de changer leurs placements sans risque, quitte à ce que le rendement de leur épargne baisse. Sur le plan générationnel, cette proportion est portée par les seniors (86%) et par les Bretons, Bourguignons et Francs-Comtois et Néo-Aquitains sur le plan géographique (80%).
"Les Normands (11%) sont les plus ouverts à privilégier la performance et les risques qui en découlent dans la perspective d’obtenir plus de rendement."
Sans surprise dans un contexte de hausse des prix durable, plus de deux Français sur trois plébiscient toujours les produits d'épargne sans risque à faible rendement bien que ce pourcentage perde trois points sur un an. "A l’inverse, plus un produit est risqué, moins il suscite de l’intérêt, malgré un rendement potentiel plus conséquent: seuls 17 % des épargnants privilégient des produits un peu risqués, avec un rendement espéré plus important (+ 1 point vs 2022) et à peine 5 % des produits risqués avec une chance d’obtenir un rendement important", relève le baromètre. Sur ce terrain de l'aversion au risque, les habitants du Centre-Val-de-Loire et des Hauts de France sont opposés, 75% des premiers privilégiant les produits d'épargne sans risque avec un faible rendement quand près de 10% des seconds sont ouverts à la prise de risque.
Les grands épargnants vivent à l'ouest
Alors que les fins de mois sont difficiles pour un nombre croissant de Français, leur effort d'épargne se fait à un rythme beaucoup plus hâché et moins régulier. Ils sont à peine 40% à mettre de l'argent de côté tous les mois, un plus-bas depuis trois ans, et 21% d'entre eux le font plutôt tous les deux voire trois mois. Les habitants du Centre-Val de Loire, des Pays de la Loire et de Bretagne sont les plus assidus en matière d'épargne puisque 97% d'entre eux ont placé de l'argent l'année dernière, et même 98% dans le cas des Bretons dont près de la moitié sont parvenus à le faire mensuellement. Moins épargnant (87%), leurs voisins normands ne sont "que" 31% à avoir fait preuve d'une telle régularité.
Pour 73% des Français interrogés, c'est l'imprévu et notamment l'anticipation de situations exceptionnelles (38%) qui guide leur stratégie d'épargne quand les projets ne sont cités que par 44%. Les Centrais sont même 84% à économiser en prévision de ces imprévus contre seuls deux Auvergnats-Rhônalpins sur trois.
"Le cycle inflationniste n’a que peu d’effets sur les comportements des épargnants français, insiste Stellane Cohen, présidente d'Altaprofits. Le taux d’épargne reste élevé et l’aversion au risque est une constante bien ancrée. Dans ce contexte, les professionnels se doivent d’être réactifs et innovants dans leur offre."
Nouvelle illustration d'une culture financière peu développée dans l'Hexagone, près de la moitié des Français peinent à appréhender les conséquences de l'inflation sur la valeur de leur épargne. Sur les 45% concernés, un tiers pensent que l'impact est positif et que leur épargne prend de la valeur, 18% ne perçoivent aucun impact tandis que 12% n'en ont aucune idée. A cet égard, les habitants des Pays de la Loire sont les moins au fait du risque que fait peser la hausse des prix sur la valeur de leur épargne (59%).