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Il n'y aura pas de "taxe Zucman" mais Sébastien Lecornu propose de créer un impôt sur la fortune personnelle financière des très riches Français

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Le Premier ministre s'est entretenu ce vendredi 3 octobre au matin avec les élus socialistes afin d'affiner le projet de loi de finances (PLF) pour 2026. Selon les informations de BFMTV, Sébastien Lecornu souhaite une mesure en faveur du pouvoir d'achat et propose la création d'une taxe sur le patrimoine financier, sans toucher au patrimoine professionnel.

Le Premier ministre parviendra-t-il à affiner sa copie? Après une prise de parole au cours de laquelle Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas recourir à l'article 49-3 pour laisser les parlementaires débattre des textes budgétaires jusqu'au bout du processus législatif, le locataire de Matignon s'est entretenu avec les responsables des partis politiques.

Sans grande surprise, il a été question de pouvoir d'achat, travail et fiscalité lors des concertations menées ce vendredi.

"Il faut une mesure pouvoir d’achat dans le budget. Sur cette mesure, le gouvernement est ouvert : tous les scénarios sont sur la table", a précisé à BFMTV, l'entourage du Premier ministre.

Pas de taxe Zucman

En matière de fiscalité, Sébastien Lecornu avance ses pions et maintient son opposition à la taxe Zucman, pourtant soutenue par la gauche. Pour rappel, celle-ci consiste à taxer à hauteur de 2% par an les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros, ce qui concerne au total 1.800 foyers fiscaux en France. Selon l'économiste Gabriel Zucman, qui a donné son nom à cette idée de taxe, la mesure permettrait de récupérer 20 milliards d'euros par an, une aubaine compte tenu des difficultés des gouvernements successifs à réduire le déficit public. Mais d'autres experts contestent ce rendement, estimant plutôt les gains à 5 milliards d'euros, soit quatre fois moins...

"Le Premier ministre ne croit pas à la taxe Zucman qu’il juge dangereuse pour l’économie et l’emploi. Mais certaines optimisations fiscales de très grandes fortunes ne sont pas défendables", développe son entourage auprès de BFMTV.

À la place, le Premier ministre "propose la création d’une taxe sur le patrimoine financier (holding) qui ne touche pas le patrimoine professionnel". Ce point fait particulièrement débat: pour Gabriel Zucman, il faudrait "ne pas répéter les erreurs du passé", faisant allusion à l'impôt sur la fortune (ISF) qui rapportait quelque 5 milliards d'euros par an, mais exonérait les biens professionnels (comme par exemple les actions) de l'assiette de taxation.

Or des hauts patrimoines placent des biens professionnels dans des structures de type holdings afin d'y conserver les bénéfices mais sans les distribuer selon Camille Landais, professeur à la London School of Economics (LSE). En d'autres termes, ces bénéfices ne sont jamais taxables.

Enfin, pour le Medef, taxer les biens professionnels enverrait un mauvais signal et freinerait l'innovation. Cela reviendrait à "taxer l'outil de travail", alors que c'est ce qui "crée de l'emploi en France", a récemment souligné Dominique Carlac'h, cheffe d'entreprise et membre du conseil exécutif du Medef, sur France Inter.

Matignon précise néanmoins que "sans 49-3, le PS pourra proposer au vote la taxe Zucman, mais le gouvernement ne la soutiendra pas".

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a estimé vendredi que Sébastien Lecornu avait présenté "une copie très insuffisante et à bien des égards alarmante" sur le budget 2026, mais lui accorde "le bénéfice des prochaines heures pour réfléchir" jusqu'à son discours de politique générale.

Caroline Robin