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Horaires décalés, télétravail: comment directions et salariés adaptent le travail à la canicule

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Les horaires décalés et le télétravail dominent les pratiques. Alors que les entreprises n'ont pas encore enclenché les grandes manoeuvres pour s'adapter de façon pérenne.

L'heure est à l'adaptation. La France multiplie les records de chaleur au coeur de ce mois de juillet, et avec eux, les situations compliquées pour les salariés. Les réponses passent globalement par une modulation des horaires de travail ou de la présence au bureau.

Il faut s'adapter et compenser: s'adapter, c'est bouger les horaires de travail, plus tôt ou plus tard, et faire plus de télétravail, surtout au vu du fait que le contexte à cet égard a changé. Compenser, c'est surtout mettre de l'eau fraîche à disposition, quand on n'est pas climatisé", décrit Jean-Christophe Sciberras, fondateur de Newbridges, cabinet de conseil en relations sociales.

Télétravail privilégié, horaires décalées

Les salariés favorisent plutôt le recours au travail à distance, qui permet de rester chez soi et de s'épargner de pénibles trajets en transports en commun. Un recours que les employeurs sont globalement plus enclins à accepter.

Les mesures et les marges de manoeuvre diffèrent ensuite selon les secteurs: le tertiaire est beaucoup plus souple, et Jean-Christophe Sciberras constate "des cadres qui partent plus tôt, vers 17h, et arrivent plus tôt", quand le BTP s'adapte vite avec des horaires décalés plus tôt le matin, dès 6h. Les commerçants, eux, ont moins de marges.

Constat identique dans l'industrie, avec une conséquence: la productivité ne peut pas toujours baisser. "Sur une chaîne, le rythme est fixé par la chaîne et pas par les salariés", appuie l'expert en relations sociales. Dans d'autres configurations, les horaires plus souples entrainent une baisse du temps de travail dans beaucoup de cas. Et la fatigue engendrée par la chaleur diminue encore la production.

Changement pérenne des pratiques?

Néanmoins, le climat dans les entreprises est relativement pacifique, la canicule constituant une expérience vécue par tous. "Les dissensions sont moins entre DRH et salariés qu'entre les générations", souligne encore le dirigeant de Newbridges. Les plus jeunes sont ainsi plus investis des questions écologiques.

Mais la centralité du sujet de la chaleur ne mène pas nécessairement à des changements de fond. La vague de chaleur, la deuxième cette année, est encore vécue de façon subie par les entreprises, pas toutes décidées ou en capacité de s'adapter durablement à la récurrence - pourtant sans appel - de ces épisodes caniculaires.

Il ne faut pas penser qu'au CAC40, mais aussi aux petites boîtes. Elles sont parfois mal installées, dans de mauvais bureaux, et il est plus facile d'adapter les horaires que de climatiser. Cela vaut-il la peine pour elles de demander la climatisation à des propriétaires, ou de faire des travaux, pour deux épisodes de 3 jours tous les ans ?"

Ce que dit le code du travail

Aucune obligation n'est formellement inscrite dans la loi concernant la température des bureaux. Tout juste exige-t-il que l'air soit renouvelé de façon à "éviter les élévations exagérées de température". Rappelons que la norme établie par l'AFNOR concernant le confort thermique fixe entre 20 et 22 degrés la température normale d'un bureau, et en dessous (entre 14 et 18 degrés) celle d'un espace de travail nécessitant un effort physique.

Le code du travail explique qu'il faut travailler à température raisonnable, souligne Jean-Christophe Sciberras. Cela fait des années qu'on tourne du pot concernant cette notion. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, aucune température maximale n'est en fait fixée. Mais cette année, le ministère du Travail fait pression sur l'inspection du travail pour réaliser plus de contrôles".

La chaleur n'entre en ligne de compte pour la pénibilité qu'à partir de 900 heures, et pour des activités produisant elles-mêmes cette source de chaleur. Un salarié peut néanmoins exercer son droit de retrait, à des conditions strictes: une "situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu'elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé".

Valentin Grille