François Bayrou veut une "prime" pour les seniors qui restent plus longtemps au travail: à quoi pourrait-elle ressembler?

François Bayrou a proposé aux partenaires sociaux une prime pour les salariés seniors qui continueraient à travailler alors qu'ils pourraient partir en retraite.

Une intervention tierce pour régler la situation? Depuis des mois, le patronnat et une partie des syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC, les autres ayant claqué la porte) négocient dans le conclave sur les retraites, sans succès. Et à mesure que la fin des concertations approche, l'espoir d'un accord s'éloigne. Alors François Bayrou a décidé d'interférer en proposant une "prime seniors".

"C'est une proposition que j'ai faite individuellement à chacun des protagonistes" et "je suis persuadé que tout le monde a à y gagner", a affirmé le Premier ministre lors d'un déplacement au salon aéronautique du Bourget.

Mais alors de quoi s'agit-il?

Cette prime serait versées aux salariés seniors qui "décident de rester au travail", en leur versant "une partie de (leur) retraite en plus de (leur) salaire". Concrètement, l'idée est "qu'un salarié qui aurait atteint ses droits à la retraite, s'il décide de rester au travail" pourra percevoir "une partie de sa retraite en plus de son salaire", a-t-il ajouté.

Sans plus de précision à ce stade, il pourrait s'agir d'un système qui reprendrait l'idée des retraites complémentaires Agirc-Arrco qui jusqu'en 2024 accordaient un bonus temporaire à ceux qui décidaient de reporter leur départ à la retraite de 2 à 4 ans (entre 10 et 30% du montant de la retraite complémentaire). Le tout dans un système de type "cumul emploi-retraite" à en croire François Bayrou qui existe déjà et dont profitent 710.000 personnes, selon la Cour des comptes.

À quoi pourrait-elle servir?

L'idée est d'inciter les travailleurs qui arrivent à la retraite à continuer à travailler au delà de l'âge légal de départ. "Cette idée-là est un encouragement à l'activité et est de nature à faire changer le pourcentage de personnes restant au travail", a détaillé François Bayrou.

Le Premier ministre espère ainsi augmenter le taux d'emploi des séniors, qui est particulièrement bas en France. Il atteint 61,5% chez les 55-64 ans, mais cette tranche d'âge cache des disparités, la situation étant bien plus critique pour les 60-64 ans que les 55-59 ans. Améliorer l'emploi des travailleurs les plus âgés permettrait de générer plus de cotisations pour le financement du système.

Une prime telle que semble l'envisager François Bayrou permettrait aussi à l'État d'économiser car il verserait "simplement" le montant de la prime au lieu d'une retraite complète. Enfin, elle a l'avantage de ne rien coûter directement à l'employeur.

Le chef du gouvernement s'est dit prêt à accorder plus de temps aux partenaires sociaux si ces derniers souhaitent prolonger les négociations: "C'est un enjeu décisif pour la société française donc s'ils ont besoin de quelques jours de plus il n'y a aucune difficulté", a-t-il assuré.

Marine Cardot