"Pourtant ils sont payés double": les fleuristes réclament à leur tour de pouvoir faire travailler leurs salariés le 1er mai

Après les boulangers, les fleuristes réclament à leur tour de pouvoir ouvrir sans être entravés le 1er mai. Dans un communiqué, la Fédération française des Artisans fleuristes interpelle les pouvoirs publics pour pouvoir faire travailler leurs salariés le jour de la fête du Travail, ce que la loi interdit en théorie.
"En 2023 et en 2024, des contrôles inopinés, effectués par des inspecteurs du travail le 1er mai ont conduit à des rappels à la loi et des verbalisations chez des fleuristes et dans des jardineries", affirme la Fédération, rappelant que le 1er mai est une "journée importante" pour la profession qui connaît "un pic d'activité lié à la vente traditionnelle de muguet".
Seulement voilà, le Code du travail autorise uniquement les entreprises qui "en raison de la nature de leur activité, ne peuvent interrompre le travail" à faire travailler des salariés un 1er mai. Or, "la vente de muguet n'est toujours pas officiellement reconnue comme 'une activité ne pouvant pas être interrompue' par la loi", regrette la Fédération française des Artisans fleuristes.
Une situation "tout à fait ubuesque"
Dit autrement, certains fleuristes sont contraints de fermer boutique. C'est le cas de Linda Dumontier qui dit ne pas pouvoir gérer l'afflux de clients sans son unique salarié: "Honnêtement, si elle ne doit pas travailler, vu comment le métier est compliqué au 1er mai, je pense que j'arrêterais de le faire complètement", indique-t-elle à BFMTV. Les commerçants qui feraient venir leurs salariés le 1er mai risquent 750 euros d'amende par salarié et 1.500 euros quand celui-ci est mineur.
Pourtant "les salariés qui travaillent le 1er mai sont volontaires et sont payés double, comme le prévoit la Convention Collective de la profession", rappelle la Fédération des fleuristes. Son président, Farell Legendre, dénonce une situation "tout à fait ubuesque" et dit avoir envoyé un courrier ministres de l’Économie, du Travail et de l’Intérieur, resté sans réponse jusqu'ici.
"À l’heure où le gouvernement doit faire 40 milliards d’euros d’économies, il semble impensable que l’État puisse se priver des recettes fiscales et des charges générées par le travail des artisans fleuristes le 1er mai", indique-t-il. Et d'ajouter: "Les fleuristes qui travaillent le 1er mai ne sont pas des hors-la-loi. Ils demandent juste à pouvoir vendre du muguet sans avoir à craindre des sanctions administratives et financières". D'autant plus que "les vendeurs à la sauvette qui ne respectent pas la loi ne sont pas contrôlés, ni verbalisés".
Une règlementation floue
Ces derniers jours, les boulangers étaient montés au créneau pour dénoncer eux aussi l'interdiction de faire travailler des salariés le 1er mai. S'ils avaient une dérogation qui reposait jusqu'à présent sur une position ministérielle du 23 mai 1986, celle-ci était devenue obsolète après une décision de la Cour de cassation en 2006.
Le sujet était resté dans les limbes jusqu'à un rebondissement l'an dernier: des contrôles inopinés dans des boulangeries en Vendée, le 1er mai 2024 par l'Inspection du travail, rapporte la Confédération nationale de la boulangerie.
La loi reste néanmoins très floue. Ainsi, selon la Confédération nationale de la boulangerie, des exceptions existent. Par exemple, une boulangerie qui livre des hôpitaux, des établissements pénitentiaires ou des EHPAD pourrait être considérée comme exerçant une activité qui ne permet pas d'interrompre son travail le 1er mai. Il pourrait en être de même s'il n'y a qu'une seule boulangerie-pâtisserie au sein d'une commune.
En revanche, si une boulangerie ne répond pas à ces critères, même si elle peut être ouverte le 1er mai, aucun salarié ne pourra y travailler. Seul(s) le(s) chef(s) d'entreprise pourront travailler voire des membres de la famille sous réserve qu'ils ne soient pas salariés.
Des discussions en cours avec le ministère du Travail
Les boulangers ont entamé des discussions avec le ministère du Travail. "Le pain est une tradition française", a jugé la ministre du Travail, Catherine Vautrin. "Je m'engage à soutenir les initiatives parlementaires qui feront évoluer la loi et permettront aux salariés des boulangeries de travailler le 1er-Mai s'ils le souhaitent." "Ça fait partie de ces contraintes qui méritent d'être desserrées", a-t-elle estimé sur France 2.
"L'application de cette loi est aujourd'hui difficilement compréhensible", a admis Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l'Emploi. "Ce sont des métiers importants. Si, sur une base volontaire avec des compléments de salaire, les gens ont envie de s'organiser, on doit pouvoir laisser (faire) avant de pouvoir clarifier les choses dans la loi", a-t-elle dit sur BFMTV/RMC.