Pourquoi la préfecture de Bretagne demande au maire d'un village de retirer son arrêt anti-pesticides

Village breton engagé dans l'écologie sociale, Langouët est doté d'une cantine 100% bio et locale depuis 2004, a dit "non" au désherbage chimique dès 1999 - Google Street View
En France, l'usage des pesticides est réglementé. Partout? Non! Un village breton a purement et simplement décidé d'en interdire l'usage sur son territoire. Mais les autorités ne voient pas les choses de la même manière. Il ne s'agit pas d'un nouvel album des aventures d'Astérix, mais de la réalité.
En mai dernier, Daniel Cueff, maire de Langouët en Ille-et-Vilaine, a publié un arrêté municipal afin d'interdire "l'utilisation de produits phytopharmaceutiques à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d'habitation ou professionnel". Cette distance peut être ramenée à 100 mètres dans certaines conditions.
L'utilisation de ces produits sera de fait interdite sur l'essentiel du territoire communal, en raison de la dispersion des habitations. Cette commune de 602 habitants, située à une vingtaine de kilomètres au nord de Rennes, compte cinq agriculteurs dont deux en agriculture biologique, selon le maire Daniel Cueff.
L'air "chargé en glyphosate"
La préfète de la région Bretagne Michèle Kirry a adressé un recours gracieux au maire de Langouët pour lui demander de retirer cet arrêté qui "paraît entaché d'illégalité", estime la préfecture dans un communiqué de presse. Selon la préfecture, le maire peut "intervenir au titre de ses pouvoirs de police générale si cette intervention est justifiée par des circonstances particulières locales ou en cas de péril imminent". "Dans ce cas précis, ces circonstances ne sont nullement démontrées", estime la préfecture qui donne deux mois au maire pour retirer ou non cet arrêté municipal. En cas de refus ou de non réponse de sa part, "la préfecture engagera alors une procédure contentieuse devant le tribunal administratif".
Du côté de Langouët, la riposte s'organise. "Nous allons faire une réponse circonstanciée dans les jours qui viennent", a déclaré Daniel Cueff. "On fait beaucoup d'efforts sur le plan écologique. Ça sert à quoi si l'air que l'on respire est autant chargé en glyphosate? On voit que les agriculteurs ne sont pas prêts techniquement à supprimer le glyphosate. Ils ne cherchent pas d'alternative et pourtant ça existe".
Village breton engagé dans l'écologie sociale, Langouët est doté d'une cantine 100% bio et locale depuis 2004, a dit "non" au désherbage chimique dès 1999 et produit plus d'électricité solaire que n'en consomment ses bâtiments publics.