Moins optimiste que le gouvernement, l'OFCE anticipe une croissance de seulement 0,7% en 2025 et 2026 et ne croit pas à un déficit ramené à 4,7% l'année prochaine

La croissance française devrait rester timide en 2025 et 2026, amputée par un climat politique incertain, un affaiblissement de la demande intérieure et des tensions commerciales internationales croissantes, selon les prévisions publiées mercredi par l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
L'OFCE estime que la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France sera de seulement 0,7% en 2025, puis à nouveau de 0,7% en 2026, bien en dessous de sa croissance potentielle évaluée à 1,4 % par an, "les chocs négatifs l'emportant sur ceux positifs". Côté gouvernement, on est raccord pour 2025 avec 0,7% de croissance attendue, en revanche on est bien optimiste pour l'année prochaine puisque Bercy escompte atteindre 1%, soit 0,3 point de plus que l'OFCE.
Ces prévisions sont dévoilées au lendemain de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu, qui semble avoir éloigné au moins temporairement la menace d'une censure du gouvernement. Dans cet exercice prospectif, l'OFCE juge que la situation des finances publiques resterait fragile en 2025 et en 2026 et table sur un déficit public ramené à 5,4% du Produit intérieur brut (PIB) et 5% en 2026, contre les 4,7% espérés par le gouvernement.
Une prévision de déficit supérieure à celle du gouvernement
Alors que les discussions portant sur le projet de budget du gouvernement débutent à l'Assemblée nationale, "en cas de consolidation budgétaire plus modérée", le déficit pourrait atteindre 5,1% du PIB, voire 5,5% du PIB en 2026 dans le cas plus théorique d'une loi spéciale, relève l'OFCE. Il s'agit d'un texte qui vise à assurer temporairement la continuité budgétaire de l'Etat, en l'absence de vote d'une loi de finance. La France s'en était dotée pendant quelques semaines l'année dernière avant le vote du budget en février.
La dette publique devrait de son côté continuer d'augmenter, passant de 113,2% du PIB en 2024 à 117,6% du PIB en 2026. Ce diagnostic morose est essentiellement justifié par l'incertitude politique, notamment depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en 2024, et qui s'est encore renforcée depuis août, estime l'OFCE. Il chiffre son coût à 0,4 points de PIB et à 0,3 point de PIB en 2026.
Chômage en hausse
Le taux d'épargne des ménages français pourrait entamer une "décrue progressive", selon l'OFCE. Il s'établit à des niveaux historiques de 18,9% du revenu disponible au deuxième trimestre, selon les derniers chiffres de l'Institut national de la statistique (Insee). L'OFCE prévoit un taux d'épargne en baisse à 18% fin 2026, un niveau qui "reste élevé, traduisant une prudence persistante des ménages dans un climat de faible visibilité économique".
Pour les ménages, les perspectives ne sont pas réjouissantes. Sur le front de l'emploi, le taux de chômage progresserait de 7,5% à la mi-2025 à 8,2% à la fin 2026, et après une légère augmentation en 2025, le pouvoir d'achat des ménages devrait se contracter en 2026 (-0,4%).