Les vacances de vos enfants menacées? Les colonies et centres de loisirs manquent d'animateurs

Alors qu'approchent les vacances estivales, certains animateurs manquent encore à l'appel dans les colonies de vacances et les centres de loisirs. Car le secteur connaît des difficultés de recrutement persistantes: au niveau national, 30.000 postes d'encadrants seraient encore vacants à l'heure actuelle, selon une estimation de l'organisation professionnelle Hexopée, citée par Le Parisien. "Même si la situation s'est améliorée par rapport à l'après-Covid, ça reste encore compliqué", confirme Sabine Bonnaud, déléguée générale de l'association professionnelle Unosel.
Dans une enquête menée en septembre-octobre 2022 par Hexopée et le Fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire (Fonjep), 76,1% des structures du secteur de l'animation déclaraient rencontrer des difficultés de recrutement, contre 80,5% en 2021, 61% affirmaient qu'elles s'étaient accrues par rapport à l'année précédente. Six organismes sur dix assuraient même que ces difficultés pourraient avoir des conséquences sur leurs prestations, citant une limitation du nombre d'inscrits, une diminution du nombre d'activités ou de séjours voire des annulations.
"Nous avons quelques tensions" sur certains séjours, en raison de postes de directeur encore non pourvus aujourd'hui, note Benoît Fontaine, directeur du service vacances de la Ligue de l'enseignement (Vacances pour tous), assurant néanmoins qu'il n'y aurait pas "d'annulations sèches" cette année.
35,34 euros par jour
La crise sanitaire "a créé un trou" qui se résorbe lentement, explique Anne Carayon, directrice générale du réseau Jeunesse au Plein Air. La formation de nouveaux jeunes animateurs a été perturbée par les confinements successifs: seuls 31.000 Bafa avaient été délivrés en 2020, soit 28% de moins que l'année précédente. En 2022, le nombre est remonté à un peu plus de 46.000 nouveaux Bafa, poussé par l'aide exceptionnelle de 200 euros mise en place par le gouvernement, mais restait encore loin des années 2000 où l'on dépassait facilement les 50.000 nouveaux diplômes annuels.
"Nous avons retrouvé le niveau de pénurie d'avant-crise sanitaire", résume Sabine Bonnaud.
Au-delà de la crise sanitaire, le secteur rencontre effectivement des difficultés structurelles dans le recrutement de ses encadrants. Le salaire, souvent, est cité comme l'une des explications possibles: le contrat d'engagement éducatif (CEE), qui encadre le métier d'animateur occasionnel, prévoit un salaire minimum de 35,34 euros bruts par jour, soit 494,76 euros pour deux semaines. Sans oublier que la formation pour obtenir le Bafa coûte entre 500 et 1000 euros au futur jeune animateur, qui devra travailler plusieurs semaines pour pouvoir en amortir le coût.
"Revaloriser" le métier
Mais de l'avis des professionnels du secteur, le salaire est loin d'être la motivation des jeunes qui s'engagent dans l'animation: c'est avant tout pour l'ambiance, l'expérience professionnelle et le travail en équipe que l'on souhaite devenir animateur. Pour lui redonner de l'attractivité, il faut "revaloriser" le métier, appelle Anne Carayon. "Être animateur, ce n'est pas faire de la garderie, c'est transmettre des valeurs aux enfants, leur ouvrir le champ des possibles", estime-t-elle. En attendant, pour pallier dans l'immédiat au déficit, le métier a été ouvert aux jeunes de 16 ans.
"On ne constate pas le même souci de recrutement pour les séjours à l'étranger que pour les colonies au fin fond de la campagne en France", souligne Sabine Bonnaud. Pour les premières, "on se bouscule plutôt à la porte", avance-t-elle.
Surtout, le secteur pointe du doigt la baisse de fréquentation. Le nombre d'enfants dans les colonies de vacances ne cesse de s'éroder d'année en année: un rapport gouvernemental ne dénombrait plus que 1,4 million d'enfants en 2021, contre 4 millions dans les années 1960. Or, les animateurs ont très souvent fréquenté eux-mêmes les colonies de vacances et les centres de loisirs lorsqu'ils étaient des enfants, et veulent désormais transmettre ce qu'ils ont vécu. "Ce n'est pas un job d'été comme un autre", affirme Benoît Fontaine.