Les cadres nettement mieux rémunérés dans les grandes villes, pas les ouvriers

Le salaire net moyen était de 2380 euros en 2018 dans les aires d'attraction. - PHILIPPE HUGUEN / AFP
En 2018, 93% de la population française vivaient dans une ville ou son aire d'attraction. Sans surprise, le salaire net moyen y est plus élevé: 2380 euros par mois contre 1910 euros en dehors des aires d'attraction, selon l'Insee.
Il faut dire que les grands pôles d'attractivité attirent avant tout les catégories socio-professionnelles les mieux rémunérées: à Paris, plus d'un tiers des emplois salariés sont occupés par des cadres. C'est également le cas de plus d'un emploi sur cinq dans les autres aires de 700.000 habitants ou plus, alors que les cadres représentent moins d'un emploi salarié sur huit dans les aires de 50.000 à 200.000 habitants.
Le salaire des cadres plus important dans les grandes villes
Surtout, l'Insee constate que la rémunération moyenne des cadres augmente avec le nombre d'habitants de l'aire. Et l'écart est loin d'être négligeable. Dans l'aire de Paris, leur salaire net moyen atteint 4810 euros par mois, contre 3640 euros dans les aires de 50.000 à 200.000 habitants. Soit une différence de 32%. Il est en outre de 3800 euros dans les autres aires de 700.000 habitants ou plus.
Le même phénomène s'observe dans une moindre mesure chez les professions intermédiaires dont le salaire est 13% plus élevé dans l'aire de Paris (2560 euros) qu'en dehors des grands pôles attractifs (2250 euros). Même constat si l'on regarde la rémunération perçue dans les autres aires de 700.000 habitants ou plus (2320 euros). Le salaire des employés est également supérieur de 13% à Paris que dans les zones moins attractives et de près de 4% dans les autres grandes aires d'attraction.
En revanche, les ouvriers exerçant dans les zones densément peuplées, où le coût de la vie est pourtant plus élevé, ne bénéficient pratiquement pas de cet effet "pôle d'attractivité". Dans l'aire de Paris (1820 euros) ou dans les autres grandes villes (1780 euros), leur salaire est à peine plus important (respectivement +4 et +1,7%) que dans les villes de 50.000 à 200.000 habitants (1750 euros).
"Effet concurrentiel"
S'il n'est pas vraiment étonnant de voir que les salariés gagnent plus dans les grandes aires d'attractivité que dans les petites villes, comment expliquer que ce soit clairement moins le cas pour les ouvriers que pour les cadres?
"On voit qu'il y a un effet sectoriel: les cadres sont surtout dans les sièges sociaux, dans le secteur des services financiers qui sont surtout dans les grandes aires. Et ils sont mieux payés dans ces secteurs-là", note Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l'Insee.
Surtout, les cadres "bénéficient d'un effet concurrentiel plus fort" avec "plus de concurrence dans les grandes aires", poursuit-il. En clair, les entreprises présentes dans les pôles d'attractivité n'hésitent pas à proposer une rémunération plus alléchante pour attirer ces emplois les plus qualifiés.