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La chute du gouvernement Bayrou aurait "un impact évident sur l'économie", avertit Christine Lagarde

Christine Lagarde, présidente de la BCE, s'exprime depuis le siège de l'institution à Francfort (Allemagne) le 12 septembre 2024.

Christine Lagarde, présidente de la BCE, s'exprime depuis le siège de l'institution à Francfort (Allemagne) le 12 septembre 2024. - Daniel ROLAND / AFP

La présidente de la BCE Christine Lagarde avertit sur les conséquences désastreuses que pourrait avoir la démission du Premier ministre François Bayrou et de la chute du gouvernement.

Interrogée ce lundi sur la probable chute du gouvernement Bayrou, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde a estimé que "tous les risques de chute de gouvernement dans tous les pays de la zone euro sont préoccupants".

"Ce que j'ai pu observer depuis six ans (à ce poste, NDLR) c'est que les développements politiques, la survenance de risques politiques, ont un impact évident sur l'économie, sur l'appréciation par les marchés financiers des risques-pays et par conséquent sont préoccupants pour nous", a déclaré Christine Lagarde sur Radio Classique.

La présidente de la BCE tenait ces propos alors que le Premier ministre François Bayrou va demander lundi prochain la confiance de l'Assemblée nationale, et que tout montre actuellement qu'il ne l'obtiendra pas et devra démissionner.

Pour autant, Christine Lagarde ne semble pas inquiète à ce stade d'une mise sous tutelle de la France par le Fonds monétaire international (FMI), institution qu'elle a dirigée de 2011 à 2019.

"Les pays demandent l'intervention du FMI dans des circonstances ou la balance courante est gravement déficitaire et où le pays ne peut pas faire face à ses obligations : ce n'est pas le cas aujourd'hui de la France", a-t-elle observé.

"Le FMI probablement dirait 'les conditions ne sont pas remplies, organisez-vous vous-mêmes pour restructurer et pour mettre de l'ordre dans vos finances publiques'", selon elle.

La présidente de la BCE a assuré que le système bancaire français était "bien capitalisé, bien structuré, bien supervisé, et pas d'une quelconque manière la source du risque actuel".

"La signature française est évidemment respectée, mais elle est associée à une prime de risque. Et le supplément de coût pour la dette française a augmenté et se trouve juste en dessous de l'Italie", a-t-elle observé, "ce qui n'était pas le cas il y a un certain nombre de trimestres".

Droits de douane et place de l'Europe

Interrogée sur les droits de douane américains, elle s'est dite "contente que l'incertitude ait largement diminué", avec l'accord à 15% pour l'UE. Il y a "un peu d'incertitude qui revient", avec la décision d'une cour d'appel fédérale américaine qui a jugé illégaux les droits de douane de Donald Trump, mais "à mon avis c'est plutôt positif parce que si on a une chance de renégocier en dessous de 15% ce serait très bien", a-t-elle ajouté.

Interrogée sur des commentaires récents de son prédécesseur à la BCE Mario Draghi sur la lenteur de l'Europe à se réformer, Christine Lagarde a remarqué que "quand on est dans le commentaire, c'est toujours facile de faire des recommandations", mais que "quand on est aux affaires, c'est beaucoup plus compliqué".

Pour elle "les choses avancent un peu", même si c'est "trop lentement", à cause d'un "carcan de traités et de règlements qui fait qu'on ne peut pas comme ça, juste en claquant des doigts, faire avancer les réformes". Elle a discerné "des efforts méritoires" sur le marché unique des capitaux ou la titrisation.

"Nous allons continuer à travailler sur notre euro numérique, a-t-elle conclu, parce que nous devons défendre notre monnaie et qu'aujourd'hui la prolifération des stablecoins - qu'elle a qualifiés "d'espèce d'outil crypto adossé au dollar" - constitue un risque pour notre monnaie".

HC avec AFP