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Fonds de solidarité, PGE: des aides aux entreprises globalement efficaces pour faire face à la crise

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Dans son rapport publié ce mardi, le comité de suivi des dispositifs de soutien salue la réactivité des autorités publiques pour soutenir les entreprises pendant la crise. Et assure que les aides ont "atteint leurs objectifs".

Plus d’un an après le début de la crise sanitaire, le comité de suivi et d’évaluation des mesures de soutien aux entreprises rend son verdict. Dans un rapport très attendu publié ce mardi, ce groupe présidé par Benoît Coeuré, ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne, tente de mesurer l’impact des quatre principaux dispositifs de soutien mis en place par le gouvernement, à savoir l’activité partielle, le fonds de solidarité, les prêts garantis par l’Etat (PGE) et les reports de cotisations sociales.

"L’argent est plutôt allé au bon endroit, c’est-à-dire aux entreprises dont les chiffres d’affaires ont baissé pendant les vagues de covid, qu’il n’y a pas eu trop d’effets d’aubaine (…) et que les dispositifs ont été efficaces pour compenser le choc", a souligné Benoît Coeuré, invité du Grand Journal de l'Eco ce mardi 27 juillet sur BFM Business.

Fin juin, ces aides ont représenté 230 milliards d’euros, soit 10% du PIB français. Et malgré une récession de près de 8% en 2020, les dispositifs de soutien ont largement permis de limiter la casse. Ainsi "l’ampleur de la récession, et son impact sur la situation financière des entreprises, placent la France dans la moyenne des grands pays européens", souligne le comité.

En témoignent les sommes consacrées à l’activité partielle qui représentent 1,4% du PIB, soit un niveau proche de l’Espagne et de l’Italie, en deçà du Royaume-Uni (3%) mais bien supérieur à l’Allemagne (0,8%). Avec 1,2% du PIB, la facture du fonds de solidarité français est aussi similaire à celle de l’Allemagne (1,3%), supérieure à celle de l’Italie (0,8%) et de l’Espagne (0,4%) mais inférieure à celle du Royaume-Uni (1,6%). Enfin, les PGE ont représenté 5,8% du PIB, soit plus qu’au Royaume-Uni (3,4%) et qu'en Allemagne (1,6%) mais moins qu'en l’Italie et en Espagne (8%).

Des dispositifs qui ont limité la casse

Le comité de suivi constate notamment que si la consommation a chuté, le pouvoir d’achat des ménages est resté stable en 2020 et leur épargne a fortement augmenté, passant de 15,1% à 21,4% du revenu disponible brut. De même, l’investissement des entreprises a "relativement bien résisté", tout comme l’emploi salarié qui se situait 1,2% en dessous de son niveau de fin 2019 à la fin du premier trimestre 2021.

Après s’être replié courant 2020, le taux de marge se situe désormais 1,5 point au-dessus de son niveau de 2019, notamment grâce à la baisse des impôts de production et à la montée en puissance du fonds de solidarité. Les défaillances d’entreprises ont quant à elles diminué de manière plus marquée en France (-39% en 2020) que chez ses voisins. L’Hexagone se distingue également par la progression des créations d’entreprises l’an passé (+4%), portées par les micro-entrepreneurs.

A noter par ailleurs que "le fonds de solidarité et l’activité partielle ont permis de compenser à hauteur de 45% la baisse de l’excédent brut d’exploitation des branches marchandes lors de la première vague et totalement lors de la deuxième vague", poursuit le comité de suivi. Et pour cause, "le montant total de ces deux dispositifs a été inchangé entre les deux vagues (…) alors que la baisse d’EBE induite par la crise était deux fois plus faible durant la deuxième vague".

Seul bémol, la balance courante tricolore s’est dégradée de 37 milliards d’euros (1,7 point de PIB) quand d’autres pays plus affectés par la crise comme l’Italie ou l’Espagne ont vu la baisse des importations de biens compenser en partie la dégradation de la balance des services.

Une mobilisation rapide, quelques effets d’aubaine

Dans son rapport, le comité de suivi et d’évaluation des dispositifs de soutien salue "la réactivité des autorités publiques et la facilité de recours aux dispositifs" alors que les aides "ont été mises en place extrêmement rapidement dès les premières semaines de la crise". Par la suite, "les dispositifs ont été rapidement adaptés et élargis pour prendre en compte les cas particuliers". Le comité regrette toutefois que le recours à ce soutien a été complexifié lors de la deuxième vague, "en particulier pour le fonds de solidarité".

Pour pouvoir réagir le plus vite possible face au choc économique, le gouvernement "a fait le choix en mars 2020 de dispositifs universels sans conditionnalité", relève le comité. "Dès lors, les effets d’aubaine étaient le prix à payer pour la rapidité d’attribution des dispositifs et pour éviter au maximum les ‘trous dans la raquette’", ajoute-t-il.

Ainsi, certaines entreprises dont le chiffre d’affaires a augmenté pendant la crise ont pu bénéficier d’aides. Pour autant, l’ampleur des effets d’aubaine a été moindre qu’attendue et peu d’entreprises ont finalement demandé toutes les aides auxquelles elles avaient droit.

Incertitudes

Si le bilan des dispositifs de soutien aux entreprises est plutôt positif, le comité de suivi appelle à la vigilance alors que "l’incertitude reste grande et des restrictions sanitaires nationales et internationales subsisteront et affecteront l’activité économique et potentiellement l’emploi". Il préconise dès lors de maintenir des dispositifs "réactifs", facilement adaptables, "en complément de la montée en charge de l’activité partielle de longue durée".

Il conseille en outre de surveiller l’impact de la crise sur une minorité de petites entreprises "avec des risques d’illiquidité ou d’insolvabilité qui pourront nécessiter dans certains cas des traitements individuels appropriés pour préserver l’activité, l’emploi et les compétences". Le comité met enfin en garde contre l’envolée de la dette publique française qui a augmenté de près de 20 points de PIB en deux ans. Et "la divergence accrue des situations d’endettement public au sein de la zone euro, en particulier entre la France et l’Allemagne, est un sujet d’attention à moyen terme", conclut le comité.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco