Droits de douane de Trump, impact du Budget… L'Insee un peu plus pessimiste pour la croissance française

L'économie française est chahutée par le contexte international (photo d'illustration). - -
Après la Banque de France la semaine dernière, l'Insee se montre à son tour moins optimiste pour l'économie française. Invoquant l'imprévisibilité de la politique économique de Donald Trump et les conséquences de l'adoption de la loi de finances mi-février, l'institut de la statistique a revu ses prévisions de croissance 2025 à la baisse dans une note parue ce mardi 18 mars.
Avec une progression du PIB de 0,1% au premier trimestre (contre 0,2% dans la dernière prévision de décembre) et de 0,2% au deuxième, "l'économie française continuerait de tourner au ralenti", indique Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture de l'Insee. L'acquis de croissance à mi-année ne serait que de 0,4% (contre 0,5% dans la première prévision), ce qui signifie que la croissance sur l'ensemble de l'année serait de 0,4% si le PIB restait stable aux troisième et quatrième trimestres.
Double impact des droits de douane et du Budget
L'Insee justifie la dégradation de sa prévision par les droits de douane de Donald Trump qui renforceraient le climat d'incertitude et donneraient un coup de frein au commerce mondial.
Les mesures inscrites dans le Budget 2025 pèseraient également sur l'investissement des entreprises françaises (-0,4% au 2e trimestre). Lesquelles font face à une hausse de prélèvements (hausse du coût du travail lié au reprofilage des allègements de charge et à la baisse des aides à l'apprentissage, surcote d'impôt sur les sociétés pour les grandes entreprises, baisse du CIR, taxe sur les rachats d'actions…) qui détériorerait leur situation financière à hauteur de 0,9 point de valeur ajoutée.
Il faut ajouter à cela le recul de la consommation publique en début d'année. Et pour cause, les dépenses de l'État ont été réduites au minimum dans le cadre de la loi spéciale qui s'est appliquée pendant six semaines, le temps d'adopter la loi de finances.
Les ménages "globalement épargnés"
Comme c'est traditionnellement le cas, c'est la consommation des ménages (+0,4% au 1er trimestre, +0,2% au deuxième) qui resterait le principal moteur de la croissance tricolore.
De fait, "les ménages seraient globalement épargnés" par la consolidation budgétaire, observe Dorian Roucher.
En effet, si les mesures du Budget 2025 (baisse du remboursement des arrêts maladie, hausse des taxes sur les sodas et les jeux, durcissement du malus automobile...) contribuent négativement au pouvoir d'achat des ménages (-0,4 point), cet effet est plus que compensé par les gains liés au ralentissement de l'inflation et à la progression des revenus d'activité (+0,4% au 1er trimestre, +0,3% au deuxième) comme des prestations sociales (+1,1%, puis +0,6%), notamment des retraites.
Au final, l'acquis de pouvoir de d'achat des ménages s'éleverait à +0,9% à mi-année, après +2,5% en 2024, grâce à une hausse des revenus plus rapide que celle des prix. De quoi soutenir la consommation sans pour autant effacer les pertes des dernières années lorsque l'inflation se maintenait à des niveaux élevés:
"Au premier semestre 2025, les salaires auraient récupéré la moitié des pertes accumulées en 2022 et 2023", souligne Dorian Roucher.
Un taux de chômage à 7,6% mi-2025
Mauvaise nouvelle en revanche sur le front de l'emploi alors que le retournement du marché du travail se confirme en ce début d'année. Dans un environnement économique toujours incertain, plus de 50.000 emplois seraient détruits au premier semestre, toujours selon l'Insee.
La population active continuerait d'augmenter en parallèle (+35.000 actifs par trimestre) notamment sous l'effet de la réforme des retraites. Si bien que le taux de chômage progresserait de 0,2 point au premier trimestre, puis de 0,1 point au deuxième pour atteindre 7,6% à mi-année.