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La Banque de France sabre encore sa prévision de croissance face à l'incertitude générée par les droits de douane de Trump

La Banque de France

La Banque de France - Joel Saget / AFP

Estimée à +0,9% en décembre, la croissance du PIB tricolore en 2025 ne devrait finalement être que de 0,7%, d'après la Banque de France. C'est essentiellement la consommation des ménages qui permettait à l'économie française de résister.

La tempête Donald Trump souffle sur l'économie mondiale. Et la France n'est pas épargnée. Selon la dernière enquête de la Banque de France publiée ce mercredi, l'activité tricolore devrait progresser moins que prévu en 2025: +0,7%, au lieu de +0,9% prévu lors de la dernière estimation décembre, et après 1,1% en 2024. La croissance du PIB est également revue en baisse pour 2026, à 1,2% (-0,1 point).

Principale raison: le climat d'incertitude qui s'est renforcé avec les premières mesures annoncées par le président américain. "Par rapport à nos projections de décembre, l'incertitude a un peu changé de nature. En décembre, elle concernait principalement le contexte interne puisqu'on était en pleine incertitude sur le Budget. Aujourd'hui, l'incertitude est d'abord au niveau international (...), en lien avec ce qui se passe sur les droits de douane américains", analyse Olivier Garnier, directeur Général de la Banque de France, en charge des statistiques, des études économiques et des relations internationales.

Pour la France, "nous évaluons l’impact de cette incertitude accrue sur le PIB français à –0,1 point pour 2025", indique la Banque de France qui a révisé à la baisse le niveau des exportations (+1,7% désormais attendu, -0,6 point) et de l'investissement des entreprises (-0,5%, -1,8 point) pour 2025. Mais les projets de Donald Trump de frapper de tarifs douaniers certains produits chinois, européens, canadiens ou encore mexicains auront des conséquences sur l'ensemble du "commerce mondial et l'investissement", poursuit Olivier Garnier.

Les résultats de l'enquête de la Banque de France ne prennent pas en compte l'impact de la hausse des dépenses militaires promise récemment par l'Union européenne, laquelle entend se "réarmer". Ni les conséquences concrètes des droits de douane de 25% sur les produits européens annoncés par Donald Trump, sans davantage de précision à ce stade.

L'enquête intègre en revanche l'impact du Budget 2025 adopté en février par 49.3 ainsi que les droits de douane américains renforcés sur les importations chinoises (de même que les mesures de rétorsion prise par la Chine). Même si ces derniers "n'auraient qu'un faible impact sur la France", observe la Banque de France.

Gains de pouvoir d'achat

Dans cet environnement international tendu, l'activité française continue donc de "tourner au ralenti" mais "résiste" malgré tout à "l'incertitude", tempère Olivier Garnier qui écarte le scénario d'une récession en partie grâce à la hausse de la consommation des ménages estimée à 1% en 2025 (+0,1 point).

Les Français devraient en effet se montrer un peu plus dépensiers que prévu cette année. D'abord parce que le Budget 2025 demande moins d'efforts aux ménages par rapport à celui défendu en décembre par Michel Barnier. Surtout, parce que le net ralentissement de l'inflation (hausse de l'indice des prix harmonisés de +1,3% attendu en 2025 ), plus rapide que prévu, va redonner du pouvoir d'achat aux Français dont les salaires continuent d'augmenter plus vite que les prix.

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Quel impact des droits de douane pour la zone euro?

Si la volonté de Donald Trump d'imposer des droits de douane de 25% sur les produits européens reste floue dans ses modalités d'application, la Banque de France a malgré tout tenté d'en mesurer l'éventuel impact. Elle estime ainsi que ces tarifs pourraient diminuer le PIB de la zone euro de 0,3% au bout de un à deux ans.

"Cela inclut l’impact direct du droit de douane sur les exportations européennes ainsi que les effets indirects par le ralentissement américain et mondial. En effet, la politique monétaire américaine serait vraisemblablement durcie pour limiter la hausse de l’inflation induite par celle des droits de douane. Le ralentissement de l’économie américaine ainsi que d’éventuelles hausses des primes de risque se propageraient au reste du monde, amplifiant l’impact direct de la hausse des droits de douane", précise l'institution.

Olivier Garnier relève toutefois que la France pourrait s'en tirer un peu mieux que ses voisins, elle qui est "moins exposée au marché américain que le reste de l'UE".

"Grossièrement, ses exportations de biens vers les États-Unis c’est de l’ordre de 1,6% du PIB. Dans le cas de l’Italie on est plutôt proche de 3% et l'Allemagne proche de 4%", conclut-il.
https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco