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Décharge sauvage des Yvelines: une association accuse l'Etat d'inaction et l'attaque en justice

A Carrières-sous-Poissy, dans les Yvelines, il y a l'une des plus grandes décharges sauvages du pays. Sur plusieurs dizaines d'hectares, il y a 7000 tonnes de déchets à quelques pas des habitations

A Carrières-sous-Poissy, dans les Yvelines, il y a l'une des plus grandes décharges sauvages du pays. Sur plusieurs dizaines d'hectares, il y a 7000 tonnes de déchets à quelques pas des habitations - RMC

Une association environnementale a annoncé jeudi son intention d'attaquer l'Etat en justice sur le dossier de la "mer de déchets", une vaste décharge sauvage située entre Carrières-sous-Poissy, Triel-sur-Seine et Chanteloup-les-Vignes. Elle s'étend sur 20 hectares à proximité des habitations.

A l'ouest de Paris sur les bords de Seine, une plaine fait la jonction entre les communes de Carrières-sous-Poissy, Triel-sur-Seine et Chanteloup-les-Vignes. Le tableau peut sembler beau, mais dans cet espace d'une vingtaine d'hectare, plus de 7000 tonnes de déchets sont entassés a proximité des habitations. Il s'agit de la plus grande décharge sauvage de France. Entreprises et particuliers viennent y jeter toutes sortes de déchets qui polluent les nappes souterraines de la Seine.

L'association environnementale Rives de Seine nature environnement (RSNE) a l'intention de poursuivre l'Etat devant les tribunaux pour dénoncer son "inaction" face à cette "mer de déchets". Représentée par Me Alexandre Faro, elle va déposer une requête pour "carence fautive" auprès du tribunal administratif, a indiqué l'avocat. 

RSNE dénonce "l'inaction" des services de l'Etat et des collectivités: "en juin 2017, la préfecture et les maires étaient prévenus" et il n'y a eu "aucune mesure de police, alors qu'il y avait plusieurs dizaines de camions qui passaient par jour parfois", a déclaré Anthony Effroy, président de RSNE et conseiller municipal. L'association affirme aussi avoir demandé, en vain, la réalisation "d'études sanitaire et environnementale", dont une "analyse de l'air", du fait de la présence d'amiante et "une analyse du sol" pour "évaluer l'incidence de la décharge" notamment sur la "nappe alluviale". 

Sur le plan judiciaire, l'association a déposé plainte et une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Versailles mais elle "n'avance pas", déplore Me Faro, qui indique son intention de déposer une nouvelle plainte avec constitution de partie civile pour qu'un juge d'instruction soit désigné. Tout en soulignant ne pas connaître précisément les faits reprochés, un responsable de la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie (DRIEE) a estimé auprès de l'AFP qu'il s'agissait d'un "problème de compétence".

Un projet de réaménagement de la plaine en cours

"Les dépôts sauvages restent de la responsabilité du maire ou de l'agglomération", a-t-il ajouté, contrairement aux "décharges illégales" - qui supposent qu'une personne "gère" le site - et qui, elles, relèvent de l'Etat. "Cela ne veut pas dire que l'Etat se désengage", a-t-il assuré, précisant qu'un projet de réaménagement de la plaine était en cours d'élaboration avec les collectivités, nécessaire selon lui à une résolution à long terme du problème.

La secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, doit recevoir jeudi après-midi les organisations professionnelles de la filière du bâtiment et les associations d'élus. Cette réunion est consacrée au sujet des décharges sauvages, un mois après le décès du maire de Signes, Jean-Mathieu Michel, renversé par une camionnette dont il voulait verbaliser les occupants pour avoir jeté des gravats en bordure d'une route. 

Pascal Samama avec AFP