Avec le variant Omicron, le tourisme replonge dans l'incertitude

Le tourisme mondial a progressé. - Martin Bureau - AFP
Près de deux ans après le début de la crise sanitaire, le secteur du tourisme n'arrive pas à sortir la tête de l'eau. Plusieurs pays ont pris ou s'apprêtent à prendre de nouvelles restrictions face à la progression du variant Omicron. La Thaïlande a annoncé mardi rétablir une quarantaine obligatoire pour tous les voyageurs.
"On avait noté une bonne reprise dès septembre par rapport à l’année précédente, jusqu’au 15 novembre environ. Mais l'annonce de la découverte du variant Omicron a créé un net ralentissement", explique François Pouchucq, directeur chez l'association Arts et Vie, spécialiste du voyage culturel.
"Fin novembre on était à 65% au global de ce qu’on avait fait en 2019. Mais cela va désormais automatiquement décroître car on n'a pas de visibilité sur Pâques, ni sur février", abonde René-Marc Chikli, président du SETO, le Syndicat des Entreprises du Tour Operating. Des disparités existent selon les zones proposées par les tours opérateurs.
"Les acteurs positionnés sur l'Asie et sur l'Amérique du Sud sont plutôt à -60% d'activité, alors que la République Dominicaine, les Maldives, les Emirats marchent très bien. Pour l'Île Maurice par exemple, en quasiment un mois, on était plein pour une partie de l’hiver", ajoute René-Marc Chikli.
Annulations en cascade
Les annulations s'enchaînent pour les voyages prévus pour la fin de l'année. "Le Maroc a fermé ses frontières donc nous avons dû annuler un groupe, ainsi qu'un autre qui devait se rendre à Copenhague à cause de la fermeture des salles de spectacles et de concerts, idem pour le voyage d'un groupe prévu à Edimbourg à cause de l'isolement de dix jours obligatoire", énonce François Pouchucq. Pour ne rien arranger, les agences de voyage enregistrent aussi quelques annulations de clients inquiets par la progression du variant Omicron.
La majorité des salariés du secteur sont toujours en activité partielle. "Les tours opérateurs ont quasiment tous demandé l'APLD [dispositif d'activité partielle de longue durée] et certains retournent même au chômage partiel", explique René-Marc Chikli, président du SETO.
Des dispositifs d'aide pour le tourisme
Le tourisme fait partie des secteurs toujours affectés par la crise sanitaire, tout comme l'événementiel et les entreprises de loisirs indoor. Pour eux, le gouvernement a décidé de mesures de "soutien spécifique" pour le mois de décembre, avec une prise en charge de leurs coûts fixes si leur perte de chiffre d'affaires dépasse 50%. Ce dispositif compensera 90% (70 % pour les entreprises de plus de 50 salariés) de la perte d’exploitation, a annoncé ce mardi le ministère de l'Economie.
"On a pu bénéficier du fonds de solidarité plafonné à 200.000 euros sur janvier février. Ensuite, on devait basculer vers le dispositif coûts fixes jusqu'au mois d'août. On a fait une demande pour un montant de plus d'un million d’euros mais pour le moment, aucune n'a pu aboutir, déplore François Pouchucq, directeur d'Arts et Vie. La procédure est assez complexe, tout se fait en ligne et on n'a pas d’interlocuteur".
Pour le moment, le dispositif de prise en charge des coûts fixes est uniquement prévu pour le mois de décembre. "Mais il est quasiment certain que l'on sera amené à le prolonger tant qu'Omicron sera là, au moins sur janvier et février", affirme René-Marc Chikli.
"Nous demandons aussi une éxonération de charges salariales et patronales car beaucoup de nos salariés travaillent pour des activités non productives. Il faut modifier les dossiers, organiser les reports, informer les clients", énumère Jean-Pierre Mas président du Syndicat National des Agences de Voyages (SNAV).
Les professionnels du secteur espèrent aussi un report de l'échéance du remboursement des prêts garantis par l'Etat (PGE). Il y a un mois, le ministre délégué chargé des PME Alain Griset s'y était dit favorable. Mais son successeur, le ministre Jean-Baptiste Lemoyne, qui a pris la suite après sa démission, ne s'est pas encore prononcé sur le sujet.