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Finances publiques

Taxe Zucman, retour à la retraite à 62 ans: "volontaire" pour gouverner, le Parti socialiste présente son contre-budget

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Le Parti socialiste, qui assure être prêt à prendre la relève de François Bayrou à Matignon, a présenté samedi ses propositions budgétaires.

Le Parti socialiste, "volontaire" pour prendre la relève de François Bayrou et gouverner la France, a présenté samedi ses propositions budgétaires, prévoyant de réduire le déficit de 21,7 milliards d'euros en 2026 et la suspension immédiate de la réforme des retraites, au dernier jour des universités d'été du parti à Blois.

Ce plan élaboré durant l'été, qui s'écarte des propositions du Nouveau Front populaire lors des législatives de l'été précédent, doit permettre de crédibiliser la démarche des socialistes, qui ne voteront pas la confiance à François Bayrou le 8 septembre, le condamnant vraisemblablement à être renversé, et demandent à Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre de gauche.

"La bonne nouvelle dans cette période, en cette nuit, c'est qu'un autre chemin existe pour répondre à l'urgence", a déclaré le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud, en présentant les grandes lignes de ce projet.
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Le plan prévoit de réduire le déficit de 21,7 milliards d'euros 2026, environ deux fois moins que les 44 milliards proposés par le Premier ministre François Bayrou, avec 14 milliards d'économies "sans mettre à contribution les travailleurs et les services publics", et 26,9 milliards de recettes nouvelles, pesant "d'abord sur les grandes fortunes". Il ambitionne de réduire le déficit à 5% en 2026, contre 4,6% visé par le gouvernement, et propose de descendre sous la barre symbolique des 3% à l'horizon 2032 plutôt qu'en 2029.

Création d'une taxe "Zucman"

Par ailleurs, 19,2 milliards seraient consacrés à l'investissement, au soutien au pouvoir d'achat et au financement de la suspension immédiate de la réforme des retraites, le PS promettant à nouveau le retour de l'âge de départ à 62 ans contre 64 aujourd'hui. Le parti à la rose propose une baisse ciblée de la CSG (contribution sociale généralisée) pour les salaires jusqu'à 1,4 Smic, compensée par la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros, inspirée par l'économiste Gabriel Zucman et censée rapporter 15 milliards d'euros.

Dans son discours, Boris Vallaud a promis si la gauche était nommée à Matignon de se tourner "vers les députés qui ont été élus dans l'élan de front républicain" pour trouver une majorité.

Signe de la bonne volonté des socialistes à l'égard de l'ancienne majorité: le député PS Philippe Brun a promis qu'ils reprendraient à leur compte dans cette hypothèse "les propositions du rapport de René Dosière visant à mettre fin à un certain nombre d'avantages indus". À la fin du mois d'août, François Bayrou avait annoncé avoir confié à l'ex-député PS une mission pour identifier ces avantages, en réponse à de nombreux messages des Français.

Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, avait semblé vendredi soir faire acte de candidature pour Matignon, affirmant que les socialistes étaient "volontaires pour être les suivants", et demandant au chef de l'État "de répondre à cette proposition". "Ce n'est pas Bayrou ou l'apocalypse, dès demain ce sera son projet ou le nôtre", a-t-il affirmé alors que le Premier ministre multiplie les prises de parole pour défendre sa stratégie budgétaire, sommant les oppositions de choisir entre responsabilité ou chaos.

François Bayrou sera de nouveau interrogé dimanche par les quatre chaînes d'information du pays, avant des consultations à Matignon avec les partis politiques à partir de lundi.

Pas d'utilisation du 49.3

Olivier Faure a promis en outre "une autre manière de gouverner avec notamment "l'engagement de ne pas utiliser le 49-3". Cela "nous obligera à trouver des compromis texte par texte", a expliqué le socialiste, qui souhaite embarquer ses partenaires de gauche, pour un gouvernement "de Ruffin à Glucksmann", sans LFI. Mais les Ecologistes, les ex-Insoumis et Générations ont plaidé jeudi pour une union identique à celle du Nouveau Front populaire (NFP) de 2024, c'est-à-dire avec les Insoumis.

Sauf que les Insoumis ne veulent pas un Premier ministre de gauche mais une démission d'Emmanuel Macron. Si le président "choisit un type" pour remplacer François Bayrou, "on le cloue tout de suite", a averti Jean-Luc Mélenchon vendredi, affirmant que "le but, c'est qu'il s'en aille et qu'on ait une élection présidentielle anticipée".

En visite à la Foire de Châlons-en-Champagne, le président du RN Jordan Bardella a lui de nouveau appelé à un retour aux urnes, estimant qu'"on ne peut pas tenir deux ans comme cela" et qu'Emmanuel Macron pourrait être "contraint" à une nouvelle dissolution en raison des "blocages".

J. Br. avec AFP