"Mesure très pénalisante": le projet de budget prévoit de geler les APL et de les supprimer pour les étudiants étrangers non boursiers

Sébastien Lecornu devant l'Assemblée nationale pour son discours de politique générale, le 14 octobre 2025. - Photo par THOMAS SAMSON / AFP
Le projet de budget présenté mardi 14 octobre par le gouvernement prévoit un gel des aides personnalisées au logement (APL) en 2026, comme plusieurs autres prestations sociales, et sa suppression pour les étudiants étrangers hors Union européenne non boursiers.
"C'est ce qui était redouté", réagit Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés, qui qualifie l'"année blanche" de "mesure très pénalisante qui va toucher les plus pauvres".
L'inflation était de 1,2% en septembre, donc l'effet d'un maintien du niveau des APL est "relativement limité" mais il s'ajoute à d'autres gels et d'autres réductions des prestations sociales décrétés ces dernières années, relève Manuel Domergue. Le projet de loi de finances indique qu'en "2026, le maintien des APL à leur niveau de 2025 permettra de réaliser une économie de 108 millions d'euros pour l'État, dont 54 millions d'euros du fait de l'absence de revalorisation".
En revanche, aucune évaluation n'est donnée des économies liées à la suppression des APL pour les étudiants étrangers non-ressortissants d'un État de l'UE, de l'Espace économique européen (Norvège, Liechtenstein, Islande) ou de la Confédération suisse, et non-boursiers.
"Des milliers de situations dramatiques"
"Retirer les APL pour les étudiants extracommunautaires non boursiers c'est vraiment mettre à la porte quasiment l'ensemble des étudiants extracommunautaires de notre système universitaire", selon Suzanne Nijdam, nouvelle présidente de l'association étudiante Fage.
"Ces aides sont vitales pour ces étudiant.es qui vivent déjà dans des situations de précarité extrême", ajoute Léa Jules-Clément, co-secrétaire générale du syndicat l'Union étudiante, rappelant que beaucoup d'étudiants étrangers payent des frais d'inscription plus élevés et n'ont pas accès aux bourses du Crous (oeuvres universitaires).
Cette mesure "peut créer des milliers et des milliers de situations dramatiques", alerte Manuel Domergue, rappelant que les systèmes de bourse ne sont pas les mêmes à l'étranger et que seulement "2% à 3% des 315.000 étudiants étrangers extra-communautaires" sont boursiers.
Il calcule grossièrement que refuser entre 100 et 150 euros d'aides mensuelles à 300.000 à 310.000 étudiants pourrait induire des économies d'environ 400 millions d'euros. Les crédits alloués à l'aide à l'accès au logement, qui comprend les APL, seront de 16,1 milliards d'euros en 2026, en baisse de 600 millions d'euros par rapport à l'année précédente.