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Finances publiques

Le Haut conseil pour le climat met la pression sur le gouvernement et critique les coupes budgétaires

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L'organisme a rappelé qu'il faudrait consacrer 60 à 70 milliards d'investissements annuels supplémentaires d'ici à 2030 pour atteindre la neutralité carbone.

Les experts du Haut conseil pour le climat (HCC) ont mis la pression sur le nouveau gouvernement vendredi en demandant "une direction claire" et en critiquant les coupes budgétaires qui "nuisent à la confiance" dans la transition climatique.

"Lorsqu'il y a des annulations de crédits, cela nuit à la visibilité de l'action et donc cela nous semble contreproductif", a déclaré lors d'une conférence de presse le président de l'organisme indépendant, Jean-François Soussana.

Cette prise de position intervient au moment où le gouvernement de Michel Barnier cherche à réduire un déficit public qui s'emballe. Le gouvernement précédent avait annoncé en février des économies de 10 milliards d'euros, avec notamment 2 milliards d'euros de moins pour les programmes "écologie, développement et mobilité durables".

En outre, les lettres-plafonds préparatoires au projet de budget 2025 laissent augurer que les nouveaux crédits alloués au Fonds vert, le programme gouvernemental destiné à accélérer la transition écologique dans les collectivités locales, seront amputés de près de 1,5 milliard d'euros.

60 à 70 milliards d'investissements annuels

"L'atteinte de la neutralité carbone nécessite de consacrer des financements pluriannuels publics et privés estimés à 60-70 milliards d'euros d'investissements annuels supplémentaires d'ici à 2030 tout en arrêtant les subventions aux énergies fossiles", souligne le HCC, dans la version grand public de son rapport annuel.

"Les annulations récentes de crédits et le maintien de ces subventions nuisent à la confiance dans la transition climatique", estime le HCC, qui regroupe un panel d'experts (en climatologie, économie, agronomie...) chargés d'évaluer l'action publique climatique. Le HCC manifeste aussi une nouvelle fois son impatience, jugeant les adoptions des lois et documents de planification dans le domaine de l'énergie et du climat "urgentes".

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BFM Climat la chronique - 27/09
2:46

Il cite ainsi la nouvelle stratégie nationale bas carbone (SNBC), le troisième plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC-3) et la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

Jean-François Soussana a souligné le "besoin d'une direction claire, stable au cours du temps pour l'action climatique".

"Et cela passe par une adoption d'un certain nombre de textes stratégiques, par un budget pluriannuel, par des plans d'action qui sont bien définis et par une accentuation de ce qui est fait notamment sur l'adaptation", a résumé l'agronome, qui a participé pendant plus de 20 ans aux rapports du Giec.

Restaurer forêts et sols

Le HCC salue par ailleurs la baisse des émissions brutes de gaz à effet de serre en France mais s'inquiète de la faible absorption du CO2 dans les puits naturels, tels que les forêts. "Le second budget carbone (2019-2023) de la France ne sera vraisemblablement pas respecté du fait de l'effondrement du puits de carbone forestier", dégradé par le réchauffement, rappelle le HCC en soulignant l'importance d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

La France a respecté la feuille de route qu'elle s'est fixée pour cette période en émissions brutes, ne prenant pas en compte l'absorption de CO2 par les forêts et les sols. Mais en tenant compte la contribution des puits de carbone, les objectifs devraient ne pas être atteints, selon le HCC, qui estime le dépassement à 15 millions de tonnes d'équivalent CO2.

"Ce n'est pas non plus catastrophique", reconnaît Jean-François Soussana. "Mais cela le souligne que tenir le cap de la décarbonation suppose d'accélérer la baisse des émissions d'ici à 2030 et de restaurer le puits de carbone des forêts et des sols."

Outre cette question, les experts mettent encore en garde sur un ensemble de "fragilités" pour la trajectoire française: visibilité insuffisante du déploiement des énergies renouvelables et nucléaires, "manque de maîtrise de la demande en mobilité", faible taux de rénovations performantes des bâtiments et transition agricole insuffisante.

T.L avec AFP