"J'en ai assez de ce gâchis": le gouverneur de la Banque de France appelle les politiques à faire des efforts pour limiter le déficit

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau s'exprime à Paris pour le "Climate Finance Day" le 26 octobre 2021. - Eric PIERMONT © 2019 AFP
Le gouverneur de la Banque de France a dit vendredi 10 octobre en avoir "assez (du) gâchis politique" en France et a appelé les partis politiques à faire "des compromis" pour sortir le pays de l'instabilité qui le secoue depuis la dissolution.
"Je suis comme tous les Français, j'aime notre pays et j'en ai vraiment assez de ce gâchis politique", a insisté le gouverneur de la Banque de France, sur RTL, ce vendredi 10 octobre.
"Il y a des solutions budgétaires", a-t-il ajouté, précisant que selon lui l'effort devait porter "d'abord sur les dépenses (...) pour les stabiliser", et que des impôts pouvaient être prévus "à titre complémentaire, mais ciblés et exceptionnels". "Il ne faut pas toucher aux classes moyennes et aux entrepreneurs", a poursuivi le gouverneur de la France.
Alors que le débat porte notamment sur l'ampleur de l'effort à fournir, François Villeroy de Galhau appelle à ne pas prévoir une cible de déficit supérieur à 4,8% du PIB en 2026. "On part de 5,4% cette année, l'objectif est d'atteindre 3% en 2029 (...). La première année, il faut donc réduire ce déficit d'au moins 0,6 point, et ne pas dépasser 4,8% l'année prochaine", a-t-il expliqué.
Sébastien Lecornu a évoqué mercredi un objectif de déficit public "en dessous de 5%" du PIB en 2026 contre 4,7% il y a encore deux semaines.
L'instabilité coûte 0,2 point de croissance
Alors que des rumeurs l'envoient à Matignon, François Villeroy de Galhau a assuré qu'il entendait rester à son poste.
"À chacun sa mission, la mienne est à la Banque de France", a-t-il déclaré.
La Banque de France a confirmé jeudi sa prévision de croissance à 0,3% du produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre dans une enquête mensuelle qui traduit un climat d'incertitude, bien que réalisée avant la démission de Sébastien Lecornu. "Ce n'est pas brillant (...) mais les entrepreneurs maintiennent leur cap et les Français sont au travail", a pris soin de préciser le gouverneur.
Ce dernier estime que l'incertitude nationale, liée à la crise politique, a coûté 0,2 point de croissance. Au contraire, si les ménages retrouvaient confiance et que le taux d'épargne diminuait d'un point, "cela nous ramènerait 0,4 point de croissance supplémentaire", a précisé François Villeroy de Galhau.