Hausse du budget des Armées: pour LFI, ces dépenses se feront au "détriment des services publics"

Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, et Emmanuel Macron, président de la République - AFP
Des économies à faire partout sauf pour le secteur des Armées. Emmanuel Macron a présenté ce dimanche la feuille de route budgétaire pour la Défense. Dans "un monde plus brutal" et sous "la menace russe", le chef de l'État a annoncé ce dimanche lors de sa traditionnelle allocution aux Armées souhaiter 3,5 milliards d'euros de plus pour le budget militaire de la France en 2026.
Le geste, qui arrive près de 6 mois après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, et alors que François Bayrou doit annoncer ce mardi 40 milliards d'euros de coupes budgétaires, suscite la colère de La France insoumise.
"Fidèle au macronisme, cette augmentation se fera au détriment des services publics, affaiblissant ainsi la cohésion sociale, pourtant essentielle à une défense nationale cohérente", peut-on lire dans un communiqué de presse du mouvement.
Des choix budgétaires très difficiles qui s'annoncent
Pour l'instant, le Premier ministre s'est bien gardé de préciser comment il comptait parvenir à faire baisser le budget de l'État et de la sécurité sociale. Mais plusieurs pistes sont dans les tuyaux, de la désindexation des pensions de retraite sur l'inflation à la réduction du nombre de patients qui ont accès au dispositif des affections longue durée en passant par le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux.
Manifestement soucieux de justifier cet effort budgétaire, Emmanuel Macron a insisté ce dimanche soir sur cet "effort nouveau et historique" qui ne doit pas être financé par "l'endettement".
"La Nation doit être plus forte", car "pour être libres dans ce monde, il faut être craint, pour être craint il faut être puissant", a encore expliqué le locataire de l'Élysée.
Cet effort sera-t-il jugé juste par les Français et par les députés lors de l'étude du budget de l'État à l'automne prochain? La question se pose alors que Paris a déjà nettement augmenté ses dépenses militaires ces dernières années.
Le budget défense de la France est déjà passé entre 2017 et 2025 de 32,2 à 50,5 milliards d'euros. Emmanuel Macron a également annoncé ce dimanche soir qu'il comptait sur 3 milliards d'euros supplémentaires en 2027. Très concrètement, le budget des Armées aura quasiment doublé en 10 ans depuis son arrivée au pouvoir.
Répondre "aux injonctions" de Donald Trump
La manœuvre suscite l'agacement de la France insoumise qui regrette "l'exercice d’autosatisfaction" du chef de l'État, à peine deux années après le vote de la loi de programmation militaire. Ce texte a permis un effort supplémentaire de 295 milliards d'euros jusqu'en 2025.
"Une actualisation" de ce texte qui prévoit en l'état 413 milliards d'euros pour la période 2024-2030 sera présentée "à l'automne", a expliqué de son côté le chef de l'État. De quoi susciter la colère des insoumis qui y voient un cadeau fait à Donald Trump.
"Derrière les grandes déclarations, la réalité est celle d’un alignement atlantiste assumé. La trajectoire budgétaire de la loi de programmation militaire suit docilement les injonctions" du dirigeant américain, accusent les élus du parti fondé par Jean-Luc Mélenchon.
Face à la pression de Donald Trump qui avait menacé de quitter l'OTAN sans effort budgétaire de ses membres, les pays européens dont la France ont accepté d'augmenter de façon importante leur budget militaire.
Satisfecit du président américain
Emmanuel Macron a avalisé la hausse des dépenses budgétaires françaises pour les faire passer à 3,5% du PIB français fin juin depuis le sommet de la Haye. Elles culminent actuellement à 2% dans l'Hexagone. "C'est une grande victoire pour tout le monde", s'était félicité le président américain dans la foulée.
Si François Bayrou parvient à faire adopter dans le budget 2026 les 3,5 milliards d'euros espérées puis 3 milliards d'euros en plus en 2027, les dépenses militaires pour la France grimperont à 2,7% de son PIB à la fin de son quinquennat, d'après des calculs de BFMTV.
Le secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte, lui, avait reconnu lors du sommet de La Haye que "dépenser plus pour la défense signifie dépenser moins pour d'autres priorités", appelant "une petite fraction" en moins de dépenses sociales pour y parvenir.