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Finances publiques

EDITO. Michel Barnier, Premier ministre d'un Etat en faillite

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Bercy espère arriver "le plus proche possible des 6% de déficit" en 2024. Rien ne jsutifie une telle aggravation de nos finances publiques.

L'officialisation mercredi d'un dérapage du déficit au-delà des 6% du PIB par les nouveaux locataires de Bercy, Antoine Armand et Laurent Saint-Martin, est la preuve d'un abandon coupable face à l'absolue nécessité de redresser les comptes publics. Un abandon coupable à deux niveaux.

Européen d’abord. Parce que la France roule à contresens de l’Europe. Alors que le déficit moyen de la zone euro est revenu à 3% cette anné, le déficit tricolore ne cesse de s’aggraver depuis 2022. Nous étions à 4,7% du PIB il y a trois ans.

En 2010, la Grèce surendettée avait failli emporter toute l’Europe alors qu’elle ne pesait que 2% du PIB européen. Quinze ans plus tard, la France affichera l’année prochaine le pire déficit de la zone euro. Sauf que nous sommes la deuxième économie de la zone euro et que l’on pèse non pas 2% mais 20% du PIB européen. Dix fois plus.

Comme tout chauffard qui roule à contresens, nous devenons un danger public pour la zone euro. Et rien, absolument rien ne justifie une telle dérive des comptes publics, si ce n’est un incroyable laxisme budgétaire.

La croissance est de 1,1%, il n'y a pas de crise. Nous avançons en rythme de croisière. Et pourtant, chaque mois aporte son lot de mauvaises nouvelle. Les excuses invoquées par Bercy -mauvaise rentrées fiscales parce que nous avons exporté plus que prévu et dérapage des dépenses locales- prêteraient à rire si la situation n’était à pleurer.

Fin de la bamboche budgétaire

La réalité, c’est que nous sortons d’une gigantesque bamboche budgétaire qui a commencé avec les Gilets jaunes. Six années durant lesquelles nous avons pu dépenser "quoi qu’il en coûte" grâce aux taux zéro de la BCE. Et pas uniquement pour "protéger les Français" comme on l'a trop entendu. Sous les dépenses exceptionnelles de crises a prospéré une explosion des dépenses courantes.

Emmanuel Macron a voulu baisser les impôts tout en dépensant à la vitesse d’un keynésien sous stéroïdes: +316,2 milliards en six ans quand François Hollande avait fait 140 et Nicolas Sarkozy 160 milliards.

L’Edito de Raphael Legendre : Déficit, enore pire que prévu - 26/09
L’Edito de Raphael Legendre : Déficit, enore pire que prévu - 26/09
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Mais la fête est finie, les impôts ne rentrent plus, les taux remontent, la charge de la dette explose. Plus de 60 milliards partiront dans la poche de nos créanciers l’année prochaine. Des milliards qui n'iront pas dans nos écoles, nos hôpitaux ou la transition écologique. Le déficit est un appauvrissement.

"La situation budgétaire que je découvre est très grave", a reconnu Michel Barnier. Il a raison. Le voilà à la tête d'un Etat en quasi-faillite. Alors maintenant, comme il aime à le dire: "au travail". L'atterrisage risque d'être brutal.

Raphaël Legendre