Déficit public: la nouvelle trajectoire du gouvernement "manque de crédibilité"

Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, promet un déficit public sous les 3% du PIB en 2027. - AFP
Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) a jugé mercredi que la nouvelle trajectoire de réduction du déficit public proposée par le gouvernement, qui vise un retour sous les 3% du PIB en 2027, manquait de "crédibilité" et de "cohérence".
Une telle trajectoire "supposerait un ajustement structurel massif entre 2023 et 2027 (2,2 points de PIB sur quatre ans)", explique l'institution. "Le Haut Conseil considère que cette prévision manque de crédibilité", entre autres car la documentation de cet effort "jamais réalisé par le passé" reste "à ce stade lacunaire", et qu'elle "manque également de cohérence", notamment sur les prévisions de croissance.
Le nouveau programme de stabilité, ou "PSTAB", présenté ce matin en conseil des ministres, définit à l'intention de Bruxelles la manière dont la France compte revenir sous 3% de PIB de déficit public en 2027, sous peine de sanctions financières. Il prévoit une réduction du déficit à 5,1% en 2024, 4,1% en 2025, 3,6% en 2026 et finalement 2,9% en 2027.
Optimisme pour la croissance du PIB
"Le Haut Conseil considère que cette prévision manque de crédibilité", à la fois car la documentation de cet effort "jamais réalisé par le passé" reste "à ce stade lacunaire", mais aussi parce que "sa réalisation suppose la mise en place d'une gouvernance rigoureuse, associant l'ensemble des acteurs concernés (l'État, les collectivités locales et la sécurité sociale), qui n'est pas réuni aujourd'hui", expose l'avis.
"Cette prévision manque également de cohérence", prévient l'institution. "La mise en œuvre de l'ajustement structurel prévu pèsera nécessairement, au moins à court terme, sur l'activité économique", si bien que "les prévisions de croissance élevées du gouvernement" apparaissent "peu cohérentes avec l'ampleur de cet ajustement".
Malgré cette "situation préoccupante" des finances publiques, le HCFP estime que la prévision du gouvernement français d'une croissance de 1% du PIB (contre 1,4% précédemment) en 2024 "demeure optimiste" et n'est "pas hors d'atteinte". Le chiffre, pourtant révisé à la baisse il y a un mois, est supérieur à celui des principales organisations internationales comme le FMI ou l'OCDE qui tablent respectivement sur 0,7% et 0,6%, pointe le HCFP dans un avis très critique sur les objectifs budgétaires de Bercy.