"Ce n'est pas pour quelques abus qu'il faut punir 5 millions d'agents": la CFDT s'oppose à la hausse des jours de carence

Nouvelle levée de boucliers dans la fonction publique. Dimanche, le gouvernement a détaillé 5 milliards d'euros d'économies additionnelles parmi lesquels 1,2 milliard d'euros sont attendus via l'augmentation des jours de carence dans la fonction publique: leur nombre passerait à trois jours contre un actuellement. Une autre mesure consisterait à plafonner à 90% la rémunération des trois premiers mois d'un congé maladie ordinaire au lieu de 100% à l'heure actuelle.
"Il s'agit d'un alignement sur les pratiques du privé", a souligné le cabinet du ministre de la Fonction publique lors d'un échange avec la presse.
"Nous nous basons sur un constat qui est la forte augmentation de l'absentéisme dans la fonction publique depuis une dizaine d'années. En dix ans, le nombre de jours d'absence est passé de 43 millions de jours en 2014 à 77 millions de jour en 2022, ce qui représente une augmentation de près de 80%", ont fait valoir les services ministériels. Mais cet argument n'est pas du goût de la CFDT.
Des agents "doublement pénalisés"
Invitée sur le plateau de BFMTV lundi matin, la secrétaire générale de la branche Fonction Publique de l'organisation syndicale réfute le terme "absentéisme". "On n'a pas des agents qui cherchent par tous les moyens à ne pas venir, estime Mylène Jacquot. Il y en a quelques-uns mais ce n'est pas pour quelques abus qu'il faut punir 5 millions d'agents publics."
"On parle d'absences qui sont la plupart du temps liées aux conditions d'exercice qui sont dégradées. On a 60.000 postes vacants qui pèsent sur les usagers mais aussi sur les agents publics qui restent et doivent assurer le boulot."
La représentante syndicale cite notamment l'exemple des enseignants. "On parle de rhume et de grippe mais les enseignants du premier degré ont une prévalence d'infection urinaire plus élevée que dans le reste de la population parce qu'ils doivent rester en classe. Mais ce ne sera pas reconnu comme une maladie professionnelle. On a des gens qui tombent malade du fait de leur métier et qui vont être doublement pénalisés."
Conférence sur les finances publiques
Rappelant que la France se situe dans la moyenne européenne en matières de part d'emploi public, Mylène Jacquot ne nie pas pour autant le ressenti des usagers: "Quand les citoyens ont l'impression de ne plus en avoir pour leur argent, il faut les écouter. Ils ont l'impression de manquer de services publics sur le territoire, de ne plus avoir accès à la santé, de ne plus avoir accès aussi facilement qu'avant à l'école publique."
"Les fonctionnaires sont des citoyens comme les autres. On est conscient des difficultés économiques du pays mais les fonctionnaires et l'ensemble des agents publics ne peuvent pas être les bouc-émissaire de la dette."
La représentante syndicale appelle ainsi à l'organisation d'une "conférence sur les finances publiques" pour évoquer aussi bien le volet des dépenses que celui des recettes. "On demande l'ouverture d'une négociation sur la qualité de vie et les conditions de travail depuis des mois. Cette négociation était sur les rails au moment de la dissolution : depuis, plus rien."