ÉDITO. Référendum: Macron rejoue le coup de la grande consultation

Emmanuel Macron sera mardi soir sur TF1 pour un grand oral de deux heures. Il pourrait y dévoiler les contours d’un futur référendum, nouvelle étape d’une démocratie participative… très théorique.
Selon La Tribune Dimanche, les thématiques pressenties sont variées: fin de vie, usage des écrans chez les jeunes, situation des mères célibataires, ou encore travail et financement.
Des sujets loin des priorités exprimées par les Français, qui aimeraient le voir s’exprimer en priorité sur les retraites, l’immigration ou les finances publiques, selon un sondage Elabe publié dimanche sur BFMTV.
Un exercice bien rodé
Peu importe, en réalité. Car ce référendum —s’il a lieu— s’annonce surtout comme un nouvel épisode dans la série des grandes consultations présidentielles sans lendemain. Emmanuel Macron, que l’on dit regonflé à bloc, ressort le vieux disque de la "démocratie directe", une fois encore.
Depuis 2017, le scénario est toujours le même: lancement en fanfare, promesses d’écoute, mobilisation d’experts… puis oubli progressif dans les limbes technocratiques. Le plus vertical des présidents de la Ve République s’essaie à chaque fois à l’exercice horizontal… sans jamais vraiment en assumer les conclusions. Les précédents parlent d’eux-mêmes:
- 2017: la Conférence nationale des territoires, censée renouer le lien entre l’État et les collectivités. Promesse envolée. Les tensions n’ont jamais cessé.
- 2018: le Grand débat national pour apaiser la crise des Gilets Jaunes. Des milliers de cahiers de doléances… et autant de papiers oubliés dans les sous-sols des préfectures.
- 2019: la Convention citoyenne pour le climat. "Sans filtre", jurait Macron. Résultat: seules 12% des propositions seront pleinement intégrées dans la loi.
- 2022: le Conseil national de la refondation. Des milliers de contributions, des dizaines de chantiers sur la santé, l’éducation, le logement, le climat… pour zéro application concrète. Le tout balayé par la dissolution de juin 2024.
Un président désormais empêché
Car depuis cette dissolution ratée, le président est politiquement empêché. Il le sait. Et il l’assume. Comme le révélait La Tribune Dimanche, Emmanuel Macron aurait récemment confié à des parlementaires qu’il n’envisageait plus de dissoudre à nouveau. L’initiative est donc paralysée jusqu’en 2027.
Dès lors, à quoi bon ces consultations? À quoi bon ces référendums aux airs de sondages géants? Derrière l’habillage participatif, le pouvoir reste figé. Et la démocratie directe devient l’alibi d’un exécutif à court de relais parlementaires.