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“Dégonfler la bulle étatique”: le patron du Medef décrit un monde économique “dépité par le spectacle politique”

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Patrick Martin, président du Medef, regrette de voir un monde politique être plus “obsédé par les échéances électorales” que la survie du monde économique.

C’est un nouveau coup de gueule teinté d’une pointe de ras-le-bol. Invité sur Radio Classique ce jeudi matin, le président du Medef a rappelé qu’il tire sur la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois “dans l’indifférence générale”. Dernièrement, Patrick martin rappelait au JDD que la France était “déjà rentrée en récession”.

Alors que les plans sociaux se multiplient, Patrick Martin évoque une possible convergence des luttes avec les syndicats qui “sortent de leur bulle” et deviennent “autant lucides que les patrons quant à la réalité économique”. Un désaccord est toujours présent sur les solutions envisagées mais ce rapprochement pourrait avoir lieu justement parce que les deux camps seraient "dépités par le spectacle politique”.

Perte de compétitivité internationale

L’an passé présentée comme terre promise des investisseurs à l’étranger, la France fait depuis face à des vents contraires, en particulier depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier. Patrick Martin déplore que l’instabilité parlementaire ait phagocyté l’urgence du “soutien de la croissance, de l’investissement et de l’emploi” et que la perception de ces enjeux soit “plus réactive au Medef” que dans le monde politique.

"Il y a quelques centaines de milliers de destructions d'emplois qui pourraient se produire", s'alarmait Patrick Martin il y a un mois sur RTL.

“Il nous faut des gens plus alertes sur ces enjeux économiques et conscients de la compétition internationale”, défend-il. Car pendant ce temps, le doute continue de régner dans les rangs patronaux de l’Hexagone: certains chefs d’entreprise pourraient céder aux sirènes outre-Atlantique mais aussi de l’autre côté des Alpes.

L’Italie, aujourd’hui dirigée par Giorgia Meloni, a mis en place un impôt forfaitaire libératoire dès 2017 pour attirer les familles fortunées. Un impôt qui a été doublé pour atteindre 200.000 euros durant l’été dernier mais qui reste toujours avantageux et a permis de convaincre plus d’un millier de super-riches de transférer leur résidence fiscale en Italie depuis 2017.

“Pour les entreprises qui ont une bonne capacité financière, les États-Unis sont devenus très attractifs [depuis l'élection de Trump]. Mais ce n’est pas possible pour beaucoup de PME françaises”, tempère Patrick Martin. Si la France pouvait calquer son taux de prélèvements obligatoires à ceux de ses voisins européens, “le monde économique serait moins sensible aux variations politiques”, pense-t-il.

En revanche, la patron du Medef fait valoir des économies “gisements colossaux” d’économies que l’État pourrait dégager du côté de ses dépenses. Pour cela, il va falloir “dégonfler la bulle étatique à laquelle beaucoup se sont résignés”, détaille Patrick Martin tout en désignant spécifiquement l’assurance chômage et les complémentaires santé qui “sont excédentaires mais siphonnées par l’Etat”.

“Il nous faut des politiques robustes qui se projettent sur l’avenir et non pas obsédés par les échéances électorales”, a-t-il martelé.

“Certains de nos parlementaires n’ont pas les capteurs pour savoir ce qui se passe dans notre pays”, justifie Patrick Martin en défendant la restauration du cumul des mandats comme une des solutions possibles.

Pierre Berthoux