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Le patron du Medef Patrick Martin redoute "quelques centaines de milliers de destructions d'emplois"

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Invité de la matinale de RTL ce vendredi, le président du Medef a notamment évoqué la situation "critique" de certains secteurs d'activité comme le bâtiment, l'automobile et la chimie.

Le Medef tire la sonnette d'alarme. Alors que les plans sociaux se multiplient, Patrick Martin anticipe une situation qui pourrait être bien plus grave qu'annoncé. "Il y a des situations sectorielles qui deviennent pour la plupart assez tendues: pour le bâtiment c'est absolument critique, l'automobile et la chimie aussi", indique le président de l'organisation patronale au micro de RTL.

"Il y a quelques centaines de milliers de destructions d'emplois qui pourraient se produire", s'alarme Patrick Martin.

Un chiffre vertigineux qui intègre les entreprises de l'économie sociale et solidaire et reflète "des dépôts de bilan qui augmentent, un marché de l'emploi qui se retourne et des trésoreries qui se tendent."

Le président du Medef pointe notamment du doigt la réduction de l'allègement des charges patronales que le Sénat a votée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale mardi soir: "On pense qu'il faut prendre garde à ne pas alourdir le coût du travail et la fiscalité car c'est le meilleur moyen de ralentir l'activité économique et donc de faire baisser les rentrées fiscales et sociales."

"Si comme le prévoit le PLFSS, les entreprises supportent 8 à 9 milliards d'euros de coût du travail en plus, c'est l'équivalent de 350.000 emplois."

Patrick Martin affirme que son "combat principal" est qu'il n'y ait pas d'augmentation du coût de travail alors que celui de la France "est l'un des plus élevés en Europe et dans le monde." "Le deuxième combat est que les grandes entreprises vont supporter 12 milliards d'euros en plus d'impôt sur les sociétés, déplore-t-il. Au moment où la compétition internationale va se durcir, c'est un peu à contre-sens."

Un potentiel de 300 milliards d'euros de dépenses publiques en moins en quelques années

Malgré ces critiques sur la répartition de l'effort de 60 milliards d'euros souhaité par le gouvernement, le président du Medef reconnaît la situation des finances publiques qui nécessite d'agir.

"Mais il n'y a pas besoin d'aller au bout du monde pour trouver des pays européens qui ont fait des efforts de réduction des dépenses publiques sans se mettre à feu et à sang et que la population soit dans la rue", insiste-t-il, citant les exemples du Portugal et de l'Espagne.

Surtout, Patrick Martin met l'accent sur la réduction des dépenses publiques qui nécessite d'aller "beaucoup plus loin et beaucoup plus vite" selon lui. "Les autres ont réussi à le faire comme le Danemark qui a réussi à baisser ses dépenses publiques de 10 points de PIB en quelques années", constate-t-il.

"En France, ça ferait 300 milliards d'euros de dépenses publiques de moins, donc d'impôts de moins et de rétablissement des finances publiques."
Timothée Talbi