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Dans l'incertitude, les entreprises revoient les augmentations de salaires à la baisse

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Faute de budget voté pour l'an prochain, les entreprises naviguent à vue sur le plan fiscal. Craignant une baisse d'activité ou des taxes imprévues, elles freinent sur les négociations salariales. Avec des premières tensions.

C'est l'une des nombreuses conséquences des incertitudes politiques. Les augmentations de salaires, qui avec le ralentissement de l'inflation étaient déjà orientées à la baisse, risquent d'être encore moins généreuses que prévu. C'est en tous cas ce qui ressort des négociations annuelles qui ont débuté dans les entreprises.

Tous les experts sont en train de revoir leurs prévisions à la baisse. Selon les tous derniers chiffres dévoilés ce matin, Alixio table désormais sur une augmentation moyenne de 2,4% l'an prochain, contre 2,7% prévu jusqu'ici. Pour Deloitte, la hausse médiane sera finalement de 2,5%, au lieu des 3,5% prévus il y a encore deux mois. Même révision à la baisse pour Mercer, qui table désormais sur 2,6%, au lieu des 3% prévus en septembre.

Les entreprises naviguent à vue

Tous évoquent les mêmes raisons: le regain d'incertitude politique et ses conséquences économiques. Les entreprises sont dans le flou le plus total.

"Faute de budget, elles ne savent pas à quelle sauce fiscale elles vont être mangées. Elles ne savent pas non plus à quel point tout cela va peser sur leur activité", résume un expert.

Et même si les salariés risquent eux aussi faire les frais de l'absence de budget (éventuelle hausse d'impôts, baisse du remboursement transport…) les employeurs considèrent que ce n'est pas à eux de compenser. "Dans ces moments-là, c'est chacun pour soi", résume un expert.

Plus de tensions sociales dans les entreprises

Certaines entreprises tentent de compenser par des mesures extra-financières: mutuelle, transport, rachat de RTT. Reste que beaucoup d'employeurs ont déjà actionner sur tous ces leviers ces dernières années, au pic de l'inflation, souligne Sophie Lazaro, directrice capital humain chez Deloitte.

De quoi tendre les relations dans les entreprises. Les négociations ne font que commencer mais déjà, celles qui se sont soldées par un échec sont plus importantes que d'habitude. C'est le cas à la Société Générale par exemple. Des entreprises comme DHL ou Heineken France sont déjà confrontées à des mouvements de blocage.

Selon l'enquête que vient de publier Alixio, près de la moitié des entreprises anticipent un climat social plus tendu avec leurs organisations syndicales alors qu’elles ne sont que très peu (15%) à avoir connu des mouvements sociaux liés aux salaires l'an dernier cette année.

Caroline Morisseau