Comment Gabriel Attal veut convaincre les Français qu'ils en ont pour leurs impôts

Le ministre français délégué aux Comptes publics Gabriel Attal à Paris, le 27 mars 2023 - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Il y a encore quelques années, la France passait pour un pays où ce que les économistes appellent le consentement à l’impôt était relativement élevé. Mais avec la crise des gilets jaunes, on voit, dans la société française, monter en puissance cette idée que notamment ceux qui travaillent et paient l’impôt sur le revenu n’en ont pas pour leur argent.
Pour tenter de réconcilier les Français avec le fisc, le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal est à l’origine d’une nouvelle campagne orchestrée par Bercy et baptisée "En avoir pour mes impôts". Une campagne qui repose sur deux piliers: mieux informer et demander leur avis aux contribuables.
Donner des exemples concrets
Pour apporter une information concrète aux contribuables de l’utilisation qui est faite des prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations sociales) soustraits à leurs revenus, Gabriel Attal n’a pas repris à son compte le vœu –pieu- de son prédécesseur, Gérald Darmanin.
Lorsqu’il était à Bercy, l’actuel ministre de l’Intérieur rêvait que le fisc puisse envoyer à chaque contribuable le détail des dépenses publiques dont il bénéficie. Une performance comptable à la fois compliquée et sans doute aussi trop coûteuse à mettre en œuvre. L’approche retenue pour cette campagne repose donc sur des données déjà disponibles mais qui n’étaient pas mises en avant dans la communication des services fiscaux. Il s’agit de s’appuyer sur des exemples qui parlent au plus grand nombre.
Une année à l'école primaire coûte 6805 euros par élève
Les parents apprendront ainsi que la scolarité de leurs enfants représente une dépense annuelle largement supérieure à ce que la très grande majorité paie en impôts sur le revenu. La contribution de l’Etat en la matière démarre à 6805 euros par an pour un élève en maternelle ou à l'école primaire pour finir à 11.580 euros pour un étudiant à l’université.
Autre exemple: le coût de la santé. Chacun se doute que la facture peut atteindre des sommes astronomiques pour une transplantation cardiaque mais combien savent ce que coûte à l’assurance maladie des dépenses de santé bien plus basiques qui concerne un très grand nombre de Français. Un transport en ambulance? 97 euros. Un passage aux urgences? 227 euros, un accouchement? 2600 euros.
Bercy a également prévu de donner des exemples locaux en fonction du lieu de résidence des contribuables avec notamment les investissements auxquels l’Etat a contribué financièrement dans chaque département.
Les contribuables invités à choisir les dépenses à réduire
La seconde phase de cette campagne doit permettre de prendre le pouls de l’opinion via une enquête à laquelle les 40 millions de contribuables que compte la France seront appelés à répondre. Le fisc va leur demander comment ils aimeraient que leurs impôts soient utilisés et quelles dépenses ils aimeraient voir réduites.
Et parmi les questions, il en est deux qui intéressent bigrement Bercy, dans la mesure où elles concernent un sujet redevenu prioritaire: la baisse des dépenses publiques défendue par Gabriel Attal pour réduire le déficit et la dette publique. Les contribuables pourront donc désigner les trois domaines pour lesquelles il faudrait dépenser moins à l’avenir.
Il leur faudra puiser dans une liste exhaustive où figure tout autant l’aide publique au développement, la culture ou les minima sociaux que la sécurité, la santé, les transports et les routes. Ils pourront même donner des exemples précis de domaines pour lesquels "l’argent public est mal utilisé". Et l'on imagine assez bien que Gabriel Attal s’appuie sur les résultats de ce questionnaire pour mettre la pression sur les ministères à qui il va être demandé à l’avenir de se serrer la ceinture.
