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Chèques alimentaires: comment font les Etats-Unis pour cibler les aides

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Alors que Matignon et Bercy ne semblent pas vouloir accorder de chèque alimentaire ciblé pour le moment, l'administration américaine s'appuie elle sur un système de cartes électroniques pour cibler les aides.

Elisabeth Borne l'a sous-entendu aujourd'hui sur France Bleu, le "chèque alimentaire" prévu par la future loi d'urgence sur le pouvoir d'achat ne sera pas pleinement dédié à l'alimentaire.

"Une aide versée directement sur le compte en banque, en une fois", devrait voir le jour, sans restriction donc. Avant pourquoi pas un chèque alimentaire ciblant les produits bio plus tard dans l'année. De quoi alimenter le débat sur le ciblage de cette mesure : récemment, les députés Modem avaient par exemple déclaré leur volonté de voir le chèque alimentaire, à la base d'une cinquantaine d'euros et destiné à compenser la hausse des prix alimentaires, cibler les produits sains et bio.

Par incapacité technique ou par choix politique, l'exécutif se dirige plutôt vers un dispositif non ciblé, alors qu'un exemple outre-Atlantique permet de voir à quoi pourrait ressembler une aide ciblée: celle des "food stamps", ou bons alimentaires, distribués en 2021 à quelques 41,5 millions d'Américains, pour un total individuel moyen de 218,14 dollars. Le tout, via le programme SNAP (Supplemental Nutrition Assitance Program), mis en place en 1977 et actualisé tous les cinq ans à l'échelle fédérale.

Cartes bancaires dédiées et distributeurs partenaires

Le système fonctionne de manière simple: une fois l'élégibilité d'une personne prouvée, son Etat de résidence émet une carte électronique de transferts des bénéfices (EBT) sur laquelle est créditée la somme qu'elle pourra dépenser. Les bénéficiaires doivent échanger ces droits auprès du vendeur, via un terminal dédié, contre un reçu papier ou un token permettant ensuite l'achat.

L'autre mesure technique majeure est la signature de partenariats avec des distributeurs, qui auront la charge de s'assurer de l'utilisation correcte des fonds: une liste des vendeurs agréés - et possédant les terminaux appropriés - est disponible sur le site de l'administration américaine.

Par ailleurs, le Département américain de l'agriculture (USDA) a établi une liste de produits qu'il est possible d'acheter. Elle couvre quatre catégories de consommables: les fruits et légumes, la viande, le poisson et la volaille, les produits laitiers et les produits céréaliers.

Cela ne signifie pas que des exceptions ou des subtilités n'existent pas, comme le relève un média états-unien. Le café et le thé prêts à consommer sont exclus, pas ceux qui nécessitent d'être réalisés chez soi ; les boissons énergétiques doivent elles démontrer un intérêt nutritionnel. Certains Etats permettent aussi d'obtenir des repas à prix réduits dans des restaurants. Fait notable, l'Alaska permet aussi d'acheter du matériel de pêche et de chasse aux habitants très éloignés des commerces alimentaires.

En France, les demandeurs d'asile doivent - en partie - rendre des comptes

Un dispositif français reprend en partie les méthodes adoptées sur le volet alimentaire par les Etats-Unis: l'Allocation pour demandeur d’asile (ADA), mise en place en 2015. Dotée d'un montant forfaitaire journalier (6,80 par jour pour une personne seule), elle est versée aux demandeurs d'asile enregistrés auprès de la préfecture et de l'Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Elle est versée par cet organisme sur une carte depuis la réforme du dispositif en 2019, à l'instar des bons alimentaires américains. Cette carte ne permet pas de retrait - et donc pas d'utilisation d'argent liquide. Mais, différence notable, la carte permet des paiements partout: elle n'inclut pas de ciblage. Sur le terrain, les associations relèvent la difficulté pour les demandeurs d'asile à transférer de l'argent sur leur compte en banque, et surtout la difficulté à faire accepter la carte, souvent refusée dans les commerces.

Valentin Grille