Angela Merkel prête à revenir sur la sacro-sainte règle du déficit zéro pour faire face au coronavirus

Angela Merkel - Markus Schreiber / POOL / AFP
Le coronavirus va-t-il faire plier le dogme budgétaire allemand qui impose un budget fédéral à l'équilibre ("Schwarze Null") depuis 2014? La porte est en tout cas ouverte.
"Il s'agit d'une situation extraordinaire, nous ferons ce qui est nécessaire. (...) Nous le ferons pour que nous puissions nous sortir de cette situation et, après coup, nous verrons ce que cela a signifié pour notre budget", a assuré lors d'une conférence de presse Angela Merkel, la chancelière
Il faut dire que la responsable est pessimiste sur la suite des événements. "Lorsque le virus est présent, la population ne dispose d'aucune immunité et aucune thérapie n'existe, alors 60% à 70% de la population sera infectée", a-t-elle expliqué.
La lutte contre l'épidémie passera avant le budget
Elle était interrogée sur le fait de savoir si elle était prête à remettre en cause l'impératif de l'équilibre budgétaire en Allemagne, qui dicte la conduite du gouvernement depuis maintenant des années et est critiquée par les partenaires de l'Allemagne, comme la France, ainsi que certains institutions internationales.
Angela Merkel, qui s'exprimait pour la première fois devant la presse au sujet de cette épidémie, a expliqué que mettre fin à sa propagation passait "en premier", avant le respect des règles budgétaires.
"Une économie comme celle de l'Allemagne, qui est extrêmement dépendante des exportations, est bien sûr encore plus touchée par les défis mondiaux qu'une économie très centrée sur elle-même", a fait valoir la chancelière.
Son gouvernement devrait ainsi présenter vendredi des mesures pour relancer l'économie, en direction par exemple des hôtels et restaurants. Il prépare concrètement des prêts publics aux entreprises confrontées à des difficultés de trésorerie.
Flexibilité du pacte de stabilité européen
Rappelons que le dogme budgétaire allemand prévoit des dérogations en cas de crise économique, catastrophe naturelle ou "situations d'urgence extraordinaires", offrant donc des marges de manoeuvre au gouvernement.
Dans le même temps, la Commission européenne a indiqué hier qu'elle prônait une approche "flexible" du Pacte de stabilité européen, qui limite en principe à 3% par an le déficit public des différents pays membres. "Nous gérerons le Pacte de stabilité et de croissance avec souplesse au niveau européen, c'était une conclusion importante" mardi de la réunion extraordinaire entre les 27 chefs d'Etat et de gouvernement par visioconférence, a souligné la chancelière.
"Je pense que le Pacte dispose d'une flexibilité suffisante pour les situations inhabituelles, et cela signifie qu'un pays comme l'Italie (...) nous ne lui disons naturellement pas qu'il ne peut pas investir dans son système de santé du fait d'une règle sur la dette", a-t-elle détaillé, martelant que la situation était "inhabituelle".
Ces propos vont dans le sens de ce que demande la France en particulier. Mardi, le président français Emmanuel Macron a souhaité que "la contrainte budgétaire" ne soit "pas un rempart" à d'éventuelles mesures pour soutenir l'économie.