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"Des effets très forts de contrecoup": la fin des JO a été douloureuse pour l'économie française

Les anneaux olympiques sur le pont d'Iéna au pied de la tour Eiffel, le 27 septembre 2024

Les anneaux olympiques sur le pont d'Iéna au pied de la tour Eiffel, le 27 septembre 2024 - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Le dernier trimestre de l'année a été marqué par un recul du PIB, une première depuis trois ans. L'effet positif de Paris 2024 sur l'économie a été très sensible sur la période estivale mais s'est rapidement estompé.

Ce n'est pas une récession mais c'est tout de même une petite alerte. L'économie française s'est contractée de 0,1% au quatrième trimestre par rapport aux trois mois précédents. Une première depuis près de trois ans. Il faut en effet remonter au premier trimestre 2022 pour retrouver trace d'une évolution négative du PIB en France. Depuis lors, malgré la crise inflationniste, la consommation en berne, le bâtiment à l'arrêt, l'instabilité politique ou les chocs internationaux, l'économie française avait continué cahin-caha de progresser.

Jusqu'à ce dernier trimestre 2024 donc. Les causes de ce recul sont à chercher du côté de la base de comparaison. L'évolution trimestrielle du PIB est donnée par l'Insee par rapport à la période précédente (le troisième trimestre 2024 ici) et non en comparaison avec le même trimestre un an plus tôt. Auquel cas la France reste en croissance. Sur l'ensemble de l'année, grâce à son "acquis de croissance", le PIB français a progressé de 1,1% selon l'Insee. Une situation bien plus enviable au passage que celle de l'Allemagne qui vient d'achever sa deuxième année consécutive de récession.

Si le PIB a reculé au dernier trimestre qui est en général une période plutôt propice pour l'économie grâce à la consommation des ménages, c'est que le troisième trimestre avait été dopé par les Jeux Olympiques de Paris 2024.

"Il y a eu des effets très forts de contrecoup des JO", a commenté Maxime Darmet, économiste chez Allianz, interrogé par l'AFP.

Entre octobre et décembre, le PIB a été marqué par le ralentissement de la consommation des ménages (+0,4% après +0,6%) notamment en services, alors que celle-ci avait soutenu la hausse de 0,4% du PIB observée au troisième trimestre.

Un effet particulièrement flagrant dans les produits de grande consommation. Après trois ans de baisse en volume, les ventes avaient rebondi cet été. Selon Circana, la croissance avait atteint 2,7% durant les deux semaines estivales des Jeux par rapport à la même période un an plus tôt. À Paris, elle a même été de 6,7%. Boissons sans alcool, bières, snacking, glaces ont connu cet été des croissances à deux chiffres.

Billetterie, droits télé dopés pendant les JO

À Paris, l'afflux de visiteurs étrangers s'est par exemple traduit par un regain d'activité très important illustré notamment par une hausse de 14% des retraits de billets de banque aux distributeurs en juillet-août, selon les données de la Banque de France.

La production de services marchands a globalement très nettement ralenti au dernier trimestre, selon l'Insee, passant d'une croissance de 0,7% à un petit 0,1%. Une chute bien très marquée dans ce que l'institut de statistiques nomme les services aux ménages (-5,7% après +7,2%). Ce recul très important est surtout un retour à la normale, cette activité avait été notamment dopée par la billetterie de l'événement olympique.

Même constat avec les exportations de services de communication en retrait de 8% après un bond de 9,9% entre juillet et septembre. Ce secteur d'activité avait bénéficié à plein de la parenthèse olympique avec la vente des droits de diffusion audiovisuelle des JO.

Finalement, le recul du PIB au quatrième trimestre est davantage un retour à la normale après une période exceptionnelle qu'un véritable accident. Pour autant, l'euphorie olympique française semble ne pas avoir eu d'effets positifs sur l'économie au-delà du mois du mois de septembre. L'instabilité politique, les menaces de hausses d'impôts et un effet encore peu visible de la désinflation se sont traduit par une consommation atone en fin d'année et des projets d'investissement gelés. D'où ce -0,1% de croissance quand le consensus des analystes s'attendaient à un modeste 0%.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco