Déficit commercial : près de 90 milliards de déficit en 2024, en recul par rapport à 2023

Un léger mieux est attendu. Le déficit commercial de la France sur l'ensemble de l'année 2024 devrait reculer, tout en affichant un niveau toujours très élevé, à l'heure où l'économie française reste fragile.
Le bilan annuel de la balance commerciale française, publié vendredi, devrait faire apparaître un déficit sur les biens compris entre 80 et 90 milliards d'euros, sauf surprise d'ampleur. Il devrait ainsi s'afficher en recul sur un an, après 99,6 milliards d'euros enregistrés en 2023 et un record historique de 164 milliards d'euros en 2022 sur fond de guerre en Ukraine et d'envolée de la facture énergétique.
Pas d'excédent depuis 2002
Malgré sa nette amélioration, le solde commercial "resterait très inférieur à 2019", soit avant la pandémie, réagit auprès de l'AFP Olivier Redoules, directeur des études de l'institut Rexecode, relativisant l'embellie. D'autant que cette évolution de la balance commerciale sur les biens s'expliquerait selon lui avant tout par un recul plus marqué des importations que la baisse des exportations, et non par une progression des exportations.
"On est dans une rétractation des échanges", résume-t-il, ajoutant que celle-ci "ne touche peut-être pas que la France". Fin janvier, l'Insee a noté que le commerce extérieur a tiré la croissance française vers le haut sur l'ensemble de l'année 2024, du fait d'un recul des importations. Depuis 2002, la France n'a pas dégagé d'excédent commercial et de nombreux dirigeants ont promis de s'attaquer à ce mal national, sans parvenir depuis plus de vingt ans à des résultats tangibles.
De l'ancien ministre de l'Economie Bruno Le Maire à l'actuel ministre délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, plusieurs dirigeants sous la présidence d'Emmanuel Macron affirment depuis deux ans qu'il faudra dix ans pour éliminer ce caillou dans la chaussure de l'économie française, à force de réindustrialisation progressive.
Réindustrialiser
"Exporter c'est réindustrialiser, et l'inverse est vrai aussi", a estimé mardi Denis Le Fers, directeur général de Bpifrance Assurance Export, au cours du salon Bercy France Export, un événement annuel qui rassemble au ministère de l'Economie des dirigeants de sociétés souhaitant s'internationaliser et a accueilli cette année près de 600 entrepreneurs, banquiers ou acteurs publics.
L'inquiétude domine toutefois face à une économie française déjà fragile et à un contexte géopolitique tendu, avec la menace de nouveau agitée dimanche par Donald Trump d'imposer des taxes douanières punitives contre l'Union européenne. "Le risque est que des exportations ne pouvant pas aller aux Etats-Unis viennent inonder notre marché", notamment les exportations chinoises, analyse M. Redoules, ce qui augmenterait les importations en France, qui deviendrait "une variable d'ajustement" de la politique commerciale américaine, affirme-t-il.
"C'est une relation sur laquelle nous allons travailler", a promis Eric Lombard mardi lors de l'événement Bercy France Export, en affirmant que l'Europe sera "mobilisée pour défendre ses intérêts". Le nombre d'entreprises françaises ouvertes à l'international s'est établi au troisième trimestre à 125.200 contre 129.000 un an plus tôt, selon les chiffres des douanes. Ce chiffre tient compte des entreprises "résidentes", c'est-à-dire excluant les sociétés étrangères non immatriculées en France.
Pour donner goût à l'export, la France a adopté en 2023 le plan "Osez l'export" qui prévoit une série d'aides aux entreprises désireuses d'internationalisation (renforcement de l'image des produits français à l'étranger, accompagnement sur des salons, facilitation de l'accès aux financement...). Ce plan vise à permettre d'atteindre 200.000 entreprises exportatrices d'ici 2030. La France mise aussi sur l'articulation de l'ensemble des acteurs de l'export, le Trésor, Business France qui assiste les entreprises à l'étranger, et Bpifrance au sein de la "Team France Export".