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Coronavirus: pourquoi les milliards investis par l'Etat dans le chômage partiel vont limiter l'impact de la crise 

Plus de cinq millions de salariés sont concernés par le chômage partiel en France

Plus de cinq millions de salariés sont concernés par le chômage partiel en France - Joel Saget - AFP

L'expérience allemande de 2008-2009 a montré que le chômage partiel était une arme efficace pour limiter les licenciements en période de crise. A condition qu'il soit suffisamment généreux et simple à mettre en place pour les entreprises.

A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Pour limiter l’ampleur de la débâcle économique à venir, le gouvernement a mis en place un plan massif visant à soutenir les ménages et entreprises fragilisés par l’épidémie de coronavirus. Il intègre notamment un dispositif élargi et renforcé de chômage partiel qui doit empêcher les licenciements et faciliter une reprise rapide de l’activité. 

473.000 entreprises ont eu recours à ce dispositif pour plus cinq millions de salariés. Ces derniers pourront percevoir 84% de leur salaire net (100% s’ils sont au SMIC). Une indemnisation prise intégralement en charge par l’Etat. "Cela prouve que notre dispositif, l’un des plus protecteurs d’Europe, fonctionne. Notre stratégie est d’éviter les défaillances d’entreprises, de protéger les salariés et de conserver les compétences", explique la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, dans une interview accordée au journal La Croix.

Selon elle, l’investissement massif dans l’activité partielle est justifié par "l’expérience allemande de la crise économique de 2008-2009" qui "nous a montré que c’était le dispositif le plus efficace pour repartir". Un rapport de la Cour des Comptes paru en 2011 relevait en effet que le dispositif de chômage partiel allemand, plus simple et intégralement pris en charge par l’Etat, avait permis de sauver 221.000 emplois à l'époque contre seulement 18.000 en France où les entreprises devaient payer une partie de l’indemnisation. 

Le chômage partiel, une barrière contre les défaillances d'entreprises

La mise en place d'un dispositif généreux de chômage partiel n’est certes pas une arme infaillible contre les licenciement, mais il a le mérite d’en limiter l’ampleur. Dans son dernier baromètre, l'assureur-crédit Coface estime que les défaillances d’entreprises devraient augmenter de 15% en France et de 11% en Allemagne en 2020. C’est beaucoup, mais toujours moins qu’au Royaume-Uni (+33%) ou aux Etats-Unis (+39%).

Ainsi, le nombre de nouvelles demandes hebdomadaires d'allocations chômage s’est chiffré à 6,6 millions la semaine dernière outre-Atlantique, soit le double de la semaine précédente. En l'espace de deux semaines, ce sont donc dix millions de personnes qui ont été remerciés par leur employeur aux Etats-Unis. Notamment parce qu’il y a moins de "stabilisateurs automatiques de coussins de sécurité pour les entreprises" comme le dispositif de chômage partiel que dans d’autres pays, affirme Julien Marcilly, économiste en chef de Coface. 

"À ce titre, le recours au chômage partiel (…) apporte une vraie bouffée d’oxygène à court terme en permettant que les salaires, principal coût fixe des entreprises, soit largement pris en charge par l’État", soulignait encore l’économiste auprès de La Croix

Si le dispositif de chômage partiel semble à même de limiter la casse sur le marché de l’emploi, il est en revanche très coûteux. Surtout lorsque ses conditions sont aussi assouplies. Mais "l’alternative nous coûterait beaucoup plus cher", assure Muriel Pénicaud. "Si nous ne préservions pas les emplois, nous aurions demain des millions de chômeurs supplémentaires. Cela représenterait à la fois un coût social et économique, et un manque de recettes, avec moins de cotisations et moins d’impôts", ajoute la ministre du Travail. 

Paul Louis