"Une tendance vraiment ascendante": comment la France se convertit au café glacé

La consommation de café glacé est en hausse en France, même si elle reste bien inférieure à celle des États-Unis. La tendance se retrouve dans les coffee shops mais aussi dans les rayons des supermarchés.

Adieu la tasse fumante, bonjour le iced coffee. Glacé ou frappé, le café froid fait fureur, notamment aux États-Unis, où plus de 70% des boissons vendues chez Starbucks sont froides, selon un article de Bloomberg.

Mais qu'en est-il en France? "On n'est pas au même stade qu'aux États-Unis, mais la tendance est vraiment ascendante, il y a de plus en plus de demande", explique Valérie Leseigneur, de chez Collectif Café, une fédération professionnelle qui représente les importateurs, torréfacteurs, baristas, et coffee shops.

"Nos membres sont unanimes, dans les grandes villes, le café froid a vraiment la cote, on observe une hausse de la consommation de 10% dans les coffee shops chaque année depuis 3 ou 4 ans", assure-t-elle à BFM Business. Un chiffre obtenu en interrogeant plusieurs coffee shops de la fédération.

Mais il existe une différence notable avec les États-Unis: la consommation française est essentiellement saisonnière, toujours selon le Collectif Café. "Le café glacé fait partie du top 3 des commandes dans les coffee shops l’été", explique Valérie Leseigneur.

L'influence de Starbucks

Une tendance émergente, suivie de très près par les grandes marques de café. "Aujourd’hui, 6% des tasses de café consommées en France sont des tasses de café froid", explique Christelle Arrighi, directrice marketing France des marques Nescafé et Ricoré, citant le sondage Cup 2024 (usage & attitude réalisée avec Nielsen). "Et ce chiffre passe à 15% chez les 16-24 ans."

"En France, la tendance a démarré avec le développement des coffee shops notamment les grandes chaînes telles que Starbucks. Les consommateurs ont découvert de nouvelles saveurs et des recettes qui se prêtent effectivement à une consommation froide", poursuit-elle, évoquant "un usage qui a particulièrement séduit les jeunes."

"La firme Starbucks Corporation, reconnue mondialement pour son influence dans l'industrie du café, a largement contribué à populariser le café froid", confirme le magazine spécialisé Café ou Café. Notamment grâce à différentes recettes à base de sirops, laits végétaux, ingrédients spéciaux...

Du café soluble dans l'eau chaude ou froide

Au-delà des coffee shops, face à cette amorce de changement, les grandes marques de café s'organisent. Ces dernières années, dans les rayons frais des supermarchés, les consommateurs ont vu débarquer des cafés glacés prêts à déguster, en petite bouteille et même en canette.

Selon les données de NielsenIQ, 2,2 millions de foyers français (soit 7,6% de la population) ont acheté au moins une fois ce produit au cours de l'année 2024.

Dans une autre gamme, Nescafé tente aussi d'adapter son café soluble à ces nouveaux usages. La marque a sorti des produits qui peuvent se dissoudre dans l'eau chaude ou froide. Et elle communique dessus.

"Nous lançons des initiatives pour inciter nos consommateurs à changer le mode de reconstitution de nos produits pendant l’été", explique Christelle Arrighi.

"Au lieu d’ajouter de l’eau chaude (...) nous les encouragerons à utiliser de l’eau froide, et des glaçons !"

Nestlé a ainsi payé une campagne de pub avec des influenceuses qui montre des recettes de café glacé réalisée avec les produits de la gamme.

Toutes les marques ne communiquent pas encore

Mais toutes les entreprises n'ont pas encore pris le tournant. La société d'étude de marché et de tendances Mintel souligne que l’offre actuelle ne tient pas encore compte de cette appétence pour le café froid.

"Moins de 1% des lancements de café en France ont été positionnés comme pouvant être utilisés pour faire du café glacé entre novembre 2019 et octobre 2024 (contre 3 % des lancements de café aux États-Unis)", relate en effet Ophélie Buchet, directrice associée alimentation-boissons chez Mintel.

Elle appelle les fabricants à mettre en avant "la polyvalence des produits (excellent à boire chaud ET froid, par exemple)" et à proposer "des recettes créatives de café froid sur l’emballage ou via les réseaux sociaux".

Marine Cardot