Uber va-t-il proposer à ses chauffeurs un crédit pour les aider à "joindre les deux bouts"?

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Depuis son lancement, Uber ne cesse de le répéter: elle n'est pas une entreprise de VTC, son activité va bien au-delà. Elle consiste à fournir des services aux chauffeurs, des courses, via son appli, mais demain, plus encore. Selon le site ReCode, le groupe américain pourrait bientôt proposer un service financier à ses chauffeurs. Aux Etats-Unis, ces derniers ont reçu un message d'Uber leur annonçant la création d'un "nouveau produit financier" destiné à les aider "à gérer leurs finances" "en cas de besoin".
Dans le message, Uber leur demande s'ils ont "contracté un emprunt inférieur à 1000 dollars au cours des trois dernières années". La question suivante est explicite: "Si Uber consentait des prêts, quel montant voudriez-vous demander? : moins de 100 dollars, entre 100 et 250 dollars, entre 250 et 500 dollars, plus de 500 dollars. De toute évidence, il ne s'agit pas d'emprunter pour acheter une voiture à plusieurs dizaines de milliers de dollars.
Comme le signale ReCode, les services financiers intéressent le groupe californien depuis plusieurs années. En 2016, dans deux Etats américains (Californie et Michigan), Uber "a testé un service d'avance d'espèces sans intérêt pour les conducteurs". Il a également mis au point Uber Cash, un porte monnaie électronique développé avec Visa pour permettre aux clients de payer des courses, des repas avec Uber Eats ou louer un vélo ou une trottinette chez Jump (filiale d'Uber) en obtenant des remises.
"Ils devraient augmenter nos commissions"
Aux Etats-Unis, le message envoyé aux chauffeurs fait déjà polémique. Sur les réseaux sociaux, beaucoup suspectent Uber de vouloir lancer un prêt "prédateur". Chauffeurs et militants politiques rappellent que de nombreux chauffeurs sont "endettés et peinent à joindre les deux bouts". Selon ReCode, Uber, mais aussi son concurrent Lyft, est également critiqué sur les "dizaines de millions de dollars dépensés pour lutter contre la législation californienne qui veut obliger les entreprises à offrir aux travailleurs un salaire minimum et d'autres protections sociales comme les congés de maladie". "Au lieu d'accorder des prêts aux chauffeurs, ils devraient augmenter nos commissions", a déclaré Mostafa Maklad , chauffeur Uber à San Francisco et organisateur du groupe Gig Workers Rising.
Uber va-t-il lancer ces services financiers ailleurs qu'aux Etats-Unis? Nous avons posé la question au groupe qui ne nous a pas encore répondu. Lors d'une enquête réalisée en janvier dernier avec Kantar, le groupe dévoilait le niveau de rémunération de ses chauffeurs en France. Le salaire mensuel médian d’un chauffeur est de 1617 euros pour un temps de travail hebdomadaire estimé à plus de 45 heures.
