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Trains régionaux: pourquoi la France aura du mal à s'inspirer du forfait à 49 euros allemand

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Alors que la région Occitanie va proposer un forfait à 1 euro chaque premier week-end du mois, un forfait à petit prix pour voyager en région apparait difficile à généraliser en France.

L'inflation touche aussi le rail. Face à la future hausse conséquente de sa facture énergétique, la SNCF prévient depuis plusieurs mois qu'elle n'aura pas d'autre choix que d'augmenter ses tarifs l'année prochaine. Alors que les Français sont étranglés par l'inflation à tous les étages, le ministre des Transports Cléments Beaune lui a demandé de "travailler en matière de prix des billets sur un bouclier tarifaire". Le gouvernement doit présenter la semaine prochaine le ou les dispositifs pour atténuer cette inflation.

En Occitanie, la présidente Carole Delga a elle annoncé ce mercredi le lancement d'une offre à 1 euro chaque premier week-end du mois sur les TER régionaux comme lors des pics de pollution. Un pas vers une approche forfaitaire comme en Allemagne avec le futur billet mensuel illimité à 49 euros sur l'ensemble des transports régionaux, en remplacement de l'éphémère ticket à 9 euros qui avait connu un succès retentissant cet été?

Pas de cohérence

Peu probable. Selon la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports (FNAUT), "encore faudrait-il que les régions françaises coordonnent leurs tarifications respectives, souvent disparates et ne facilitant pas la vie des voyageurs, et qu’elles disposent de moyens financiers supérieurs ou d’une fiscalité propre", écrit-elle.

"Les régions qui exploitent les TER appliquent leurs tarifs, leurs investissements sans vraiment parler avec leurs voisines. Il y a des cartes partout, au niveau national, régional... Il faudrait de la cohérence et ce n'est pas le cas", nous confirmait il y a peu Bruno Gazeau, président de l'association.

Et de souligner que "l’État devrait aussi y mettre du sien et donner l’impulsion, ce qui n’est pas le cas pour le moment: contrat de performance entre l’État et SNCF Réseau inquiétant pour l’avenir des lignes régionales, suppression de l’amendement parlementaire de 3 milliards d'euros destiné à renforcer le financement du réseau ferré et, en revanche, subventionnement des carburants fossiles à hauteur de 8 milliards d'euros en 2022".

Dernier clou dans le cercueil: "le système français de transport public urbain et régional serait malheureusement incapable d’absorber un afflux de passagers tel que celui constaté en Allemagne", résume Bruno Gazeau.

"Les réseaux français n’offrent pas, à de rares exceptions près, la même densité de desserte, en fréquence de passage et en amplitude journalière, que leurs homologues d’Outre-Rhin, et les matériels sont souvent sous-dimensionnés, que ce soit pour les passagers ou l’emport des vélos", poursuit-il.

La gratuité, encore un mirage

De quoi annihiler toutes velléités de gratuité intégrale des trains du quotidien, voulue notamment par certains présidents de régions comme Carole Delga.

"Je pose à l’échelle du territoire national le sujet de la gratuité des transports en commun du quotidien", indique en effet la Présidente de la région Occitanie, Pyrénées-Méditerranée.

Qui appelle d'ailleurs "avec mes homologues présidents de Régions à lancer un plan de 100 milliards d’euros sur 10 ans en faveur des infrastructures ferroviaires vieillissantes ou manquantes".

Une situation aux antipodes de l'approche allemande qui se caractérise selon l'association par une "rapidité de décision" et "l’accord entre Berlin et les États fédérés, chacun apportant 1,5 milliard d'euros, soit 3 milliards d'euros au total pour financer cet abonnement national destiné à développer la fréquentation des transports publics régionaux et locaux (seuls les trains grandes lignes sont exclus du dispositif) et à combattre le réchauffement climatique. Berlin apporte en outre aux Länder une dotation supplémentaire d’un milliard au fonds de régionalisation des transports (8 milliards d'euros par an)".

Un double bouclier tarifaire sur les billets?
Selon les dernières déclarations, le bouclier français devrait se décliner en deux parties. "Pour ceux qui utilisent beaucoup le train et dont les revenus sont modestes, qu'ils n'aient pas d'augmentation, qu'il n'y ait pas d'inflation du prix du billet de train. Et pour l'ensemble des consommateurs des trains, que les billets de train augmentent dans des proportions moins importantes que l'inflation, a minima que l'inflation constatée par la SNCF sur ses coûts de transport" annonçait la semaine dernière Olivier Véran, porte-parole du gouvernement. Reste à savoir comment ce bouclier s'appliquera aux lignes TER dont les tarifs sont fixés par les régions.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business