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"Septembre vert": les prix vont-ils vraiment baisser à la rentrée dans les supermarchés?

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Bercy souhaite une réouverture des négociations entre distributeurs et industriels pour acter une baisse des prix des produits alimentaires de marques nationales. Mais la promesse d'un "septembre vert" est-elle réaliste?

Après "mars rouge", les prix de l'alimentation vont-ils refluer lors d'un "septembre vert"? C'est en tout cas ce qu'affirme la ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, Olivia Grégoire, qui s'attend à "une baisse visible".

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a indiqué a appuyé cette volonté gouvernementale ce mercredi sur franceinfo en annonçant qu'il allait "convoquer les distributeurs et les industriels la semaine prochaine pour accélérer les négociations commerciales". Le but: "que les grands industriels répercutent la baisse des prix de gros sur les prix à la consommation".

En France, les négociations commerciales entre industriels et distributeurs ont lieu une fois par an. Cet épisode s'est achevé fin février, actant des hausses de 10% en moyenne à la suite de la guerre en Ukraine. Bercy souhaite désormais rouvrir des négociations avec les distributeurs, comme ce fut le cas l'an passé, pour prendre en compte les baisses des prix des matières premières, des prix des transports et des prix de l'énergie.

Les prix des marques de distributeurs déjà en baisse

Dans un courrier adressé à Bruno Le Maire et Olivia Grégoire fin avril, l'Ilec, qui représente 99 fabricants de produits de marques de grande consommation, dit préférer des baisses de prix décidées au cas par cas par chaque entreprise à une renégociation générale.

Mais les industriels n'auront peut-être pas le choix car l'inflation a provoqué un un changement des habitudes de consommation des Français, qui se tournent de plus en plus vers les marques de distributeurs (MDD). A l'inverse, les marques nationales constatent des baisse de leurs volumes.

"Si les industriels veulent que ce transfert s’arrête pour préserver leur fonds de commerce, il va falloir redonner un peu de compétitivité aux grandes marques", témoigne sur BFMTV Olivier Dauvers, journaliste spécialiste de la consommation et de la grande distribution.

D'autant plus que dans les rayons, alors que les prix des produits de marque ont augmenté, on observe des baisses sur certains produits MDD comme les oeufs ou l'huile de colza. Des fluctuations permises par une absence d'obligation de négociations annuelles pour les marques de distributeurs, contrairement aux marques nationales.

Lidl promet un "été vert"

Chez Lidl, 90% de l'assortiment est composé de marques distributeurs. Les négociations ont donc lieu tout au long de l'année.

"Chez nous, on peut parler d'un été vert car on a déjà entamé les baisses avec plus de 300 baisses de prix la semaine passée et on va continuer dans ce sens", détaille, sur le plateau de BFMTV, Michel Biero, directeur exécutif achats et marketing de Lidl France.

Selon lui, l'obligation de négocier les prix une fois par an est une "aberration" qui ne répond pas à la logique agricole car "on négocie les prix de la farine au 1er mars quand les récoltes se font durant l'été".

"Il ne faut pas raconter d’histoires aux gens"

Il n'en reste pas moins qu'industriels et distributeurs sont contraints à négocier une seule fois par an pendant plusieurs semaines. Ce qui complique un peu la promesse d'un "septembre vert". Sur une éventuelle baisse des prix d'ici la rentrée, Dominique Schelcher, le directeur général de Système U, se dit "beaucoup plus prudent".

"Je pense qu’il y aura un peu de discussion dès le mois de mai, mais cela va mettre un certain temps. Il ne faut pas croire qu’il y aura une baisse généralisée des prix à la rentrée. Ce serait tromper les Français de le dire. Certes, des matières premières baissent mais d'autres continuent encore d’augmenter. Et il y a une toile de fond qui nous touche tous, c'est l'électricité", a-t-il affirmé sur BFM Business.

"Il ne faut pas raconter d’histoires aux gens. C’est un processus qu’il faut enclencher mais ça va prendre du temps", abonde Jean-Philippe André, président de l'Ania, l'Association Nationale des Industries Alimentaires.

Mais pour Olivier Dauvers, il y aura un problème "d'acceptabilité sociale des prix des marques" dans le cas où les négociations n'aboutiraient pas à des baisses de prix. Il alerte: "si dans six mois, il n’y a pas de baisse de prix sur le marché des pâtes ou des biscuits, sur lesquels il y a un reflux objectif des cours du blé, cela signifiera qu'ils se seront gardés la différence pour eux. Pourquoi pas, nous sommes dans une économie libre, mais il faudra l’assumer".

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech