Quand elles montent leurs start-up, les femmes collectent moins de fonds que les hommes

Au rythme actuel, il faudra attendre 2090 en France, 2067 au Royaume-Uni et 2139 en Allemagne pour atteindre la parité. - Unsplash - CC
Les start-up fondées par des femmes reçoivent en moyenne 2,5 fois moins de fonds que celles fondées par des hommes, selon un rapport du grand groupe de conseil international Boston Consulting Group. L'étude a été réalisée en collaboration avec Sista, un collectif de femmes entrepreneures et investisseures. Au total, depuis 2008, les start-up fondées par des femmes n'ont levé que 2% du montant total levé par les jeunes pousses, selon l'étude.
Les start-up purement "masculines" ont recueilli 89% du financement. Le reste a été attribué à des sociétés mixtes, où des femmes figurent parmi les fondateurs, selon la même source.
Lorsqu'elles défendent leurs dossiers de financement, les femmes fondatrices trouvent bien peu de femmes parmi les fonds d'investissement qui ont les clefs du coffre. "Parmi les principaux fonds d'investissement, plus de la moitié ne comptent aucune femme parmi leurs partners (associés)", souligne le BCG.
Une trentaine de fonds français ont signé la charte
Pour lutter contre cette injustice, Sista est en train d'achever une charte de bonnes pratiques pour les fonds d'investissement, afin de tenter d'inverser la tendance au sous-investissement pour les projets féminins.
La charte "a déjà été signée par une trentaine de fonds français et sera présentée le 24 septembre à Bercy", explique Valentine de Lasteyrie, secrétaire générale de Sista, et elle-même associée du fonds Fiblac. "Il s'agit d'une boîte à outils de bonnes pratiques pour dépasser les biais inconscients" qui désavantagent les femmes, et qui sont présents chez tout le monde, homme ou femme.
Ainsi par exemple, lors des présentations de projet devant les fonds d'investissement, ceux-ci demandent toujours, selon Valentine de Lasteyrie, "aux hommes de présenter leurs scénarios de succès, et toujours aux femmes de parler des risques d'échecs".
La situation est meilleure pour les femmes au Royaume-Uni, autre grande terre européenne de start-up, où les jeunes pousses féminines ne reçoivent "que" 1,3 fois moins de fonds que les masculines. Mais elle est pire en Allemagne, ou le multiple grimpe à 3,5. "Au rythme actuel, il faudra attendre 2090 en France, 2067 au Royaume-Uni et 2139 en Allemagne pour atteindre la parité", note l'étude du BCG.