Prix du carburant: l'association CLCV dénonce les "marges explosives" des distributeurs

Le niveau des prix du carburant en France continue à susciter la polémique. Après l'enquête de BFM Business et la réponse du gouvernement demandant aux distributeurs de baisser leurs marges compte tenu de la baisse du prix du pétrole, c'est au tour de l'association CLCV de dénoncer "les marges explosives" de ces mêmes distributeurs.
"Après une période où les distributeurs étaient avec de très faibles marges, voire déficitaires, il apparaît des marges brutes exceptionnellement élevées depuis le début de l’année 2023. S’il s’agissait probablement d’une opération de reconstitution de marges après avoir effectué des gestes pour le pouvoir d’achat cet été, ces marges explosives ne sont désormais plus justifiées. Les prix à la pompe doivent diminuer de 10 centimes", peut-on lire dans un communiqué.
Consommation Logement Cadre de vie a dressé l’évolution des marges brutes de la distribution sur le carburant d’après les données l'Union Française des Industries Pétrolières (UFIP).
Une marge brute qui est passée de 15 à 25 centimes le litre
"La marge brute 'transport distribution' se situe en général aux alentours de 15 centimes le litre (moyennes annuelles de 2018 à 2021). Après un début d’année 2022 avec une marge plutôt élevée, cette dernière a chuté à des niveaux très faibles car les distributeurs ont choisi de ne pas répercuter l’intégralité de la très forte hausse des cours du brut suite à la crise ukrainienne. Cette marge brute a même été négative sur certains mois", explique l'association qui salue "les efforts" des distributeurs lors de cette période.
Problème, depuis le début de l’année 2023, "cette marge se situe à un record historique dépassant les 25 centimes au litre".
"Il apparaît clairement que les distributeurs prennent depuis 4 mois des marges très élevées pour rattraper leurs pertes du second semestre 2023. Ce rattrapage pouvait s’entendre à condition d’être assumé de façon transparente. Au niveau européen, les prix hors taxe des carburants sont en baisse sauf en France" poursuit CLCV reprenant les conclusions de l'enquête de BFM Business.
"Ils (les distributeurs, NDLR) ont perdu de l'argent en 2022, là ils rattrapent et ce rattrapage doit s'arrêter", complète François Carlier, directeur général de l'association sur BFMTV ce mercredi.
"Délire"
"La grande distribution et les groupes pétroliers ne cessent de dire qu’ils s’engagent pour le pouvoir d’achat, il est temps que cela se traduise en acte", assène l'association qui "n’hésitera pas à saisir les autorités compétentes si les marges brutes ne reviennent pas à la normale d’ici le début de l’été".
Sur BFMTV, Michel-Edouard Leclerc évoque une marge nette de "2,5, 3 centimes" et affirme que l'étude de CLCV est "du délire".
"Les marges brutes, c'est un fait et c'est un calcul impossible à contester, sont passées à 23 puis 25, 26, 29 centimes en avril. C'est pas les histoires de 2 centimes de Michel-Edouard Leclerc, ce sont les marges nettes qui ne sont pas objectives, on ne peut pas les calculer donc il raconte ce qu'il veut mais les marges brutes sont au-dessus de 25 centimes", rétorque François Carlier qui estime que Michel-Edouard Leclerc "fait semblant de ne pas comprendre".
La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher avait réitéré mardi ses appels aux distributeurs pour que les prix du carburant "baissent plus vite", et reflètent "au plus proche" le recul des cours internationaux du pétrole.
Les cours du pétrole brut oscillent depuis début mai autour de 70-75 dollars le baril, retrouvant des niveaux qui n'avaient plus été atteints depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022.