BFM Business
Conso

Pourquoi le Royaume-Uni veut maintenir certaines de ses cabines téléphoniques au contraire de la France

Joli coup de com' pour la filiale britannique de Peugeot qui a installé une concession éphémère dans une cabine téléphonique.

Joli coup de com' pour la filiale britannique de Peugeot qui a installé une concession éphémère dans une cabine téléphonique. - Peugeot UK

Outre-Manche, le gouvernement et le régulateur ont fait le choix de conserver en état de marche quelques milliers des mythiques "red phone boxes". En France, elles ont pratiquement disparu.

Deux histoires parrallèles mais deux issues bien différentes. Au Royaume-Uni comme en France, les cabines téléphoniques ont très longtemps fait partie du paysage urbain et rural. Dans les villes, on les trouvait à chaque carrefour, dans les campagnes, dans chaque village.

Avec l'essor rapide de la téléphonie mobile, ces lieux sont progressivement devenus obsolètes et ont été abandonnés par les usagers. Mais que faire de ces milliers de cabines qui font partie du patrimoine sociétal des deux pays?

Les deux voisins ont clairement fait des choix différents. Au Royaume-Uni, on a décidé de maintenir certaines de ces mythiques cabines rouges (red phone boxes) encore installées, essentiellement en zones rurales.

Le Royaume-Uni veut maintenir 5000 cabines rouges

21.000 d'entre-elles sont encore opérationnelles, l'opérateur télécom historique BT évalue actuellement celles qui ne sont plus utiles et seront mis hors service. Au final, environ 5000 cabines seront "protégées", estime l'Ofcom, le régulateur britannique.

Celles-ci seront préservées si leur emplacement n'est pas couvert par les quatre réseaux de téléphonie mobiles, si plus de 52 appels y ont été passés au cours des douze derniers mois ou si des circonstances exceptionnelles justifient leur maintien.

Si la cabine est située à un endroit où il y a fréquemment des accidents ou des tentatives de suicide, elle sera également maintenue.

"Certaines des cabines téléphoniques que nous prévoyons de protéger sont utilisées pour passer un nombre relativement faible d'appels. Mais si l'un de ces appels provient d'un enfant en détresse, d'une victime d'un accident ou d'une personne qui envisage de se suicider, cette ligne téléphonique publique peut servir de bouée de sauvetage à un moment où on en a grandement besoin", a justifié Selina Chadha, directrice de la connectivité d'Ofcom dans un communiqué.

6000 cabines hors d'usage recyclées et transformées

"Nous voulons aussi nous assurer que les personnes sans couverture mobile, souvent dans les zones rurales, puissent toujours passer des appels. En parallèle, nous prévoyons de doter les nouvelles cabines téléphoniques de WiFi et chargeurs gratuits.", poursuit-elle

D'autres connaîtront une seconde vie. Ainsi, dans les dernières années, plus de 6000 cabines téléphoniques hors d'usage ont été transformées pour devenir des bibliothèques, abriter des défibrillateurs ou encore des distributeurs de billets.

En France, c'est le choix d'un démantèlement quasi-complet qui a été décidé. En 2019, on ne comptait plus que 100 "publiphones" encore en état de marche puis 25 en 2021 sur un total de 300.000 il y a 20 ans...

25 publiphones fonctionnels en France en 2021

Depuis 2015, et la loi Macron, leur arrêt de mort était acté et toutes étaient vouées à disparaître. Celles encore en fonctionnement ne devaient leur existence que grâce à l'absence de réseau mobile actif, les fameuses zones blanches. Mais ces dernières disparaîssent également grâce à l'opération New Deal Mobile.

Un cimetière français de cabines téléphoniques.
Un cimetière français de cabines téléphoniques. © Simon Buisson/ BFM

Déposées, détruites, recyclées: les publiphones français n'ont pas eu de sursis et aucun élu ne s'est interrogé sur la pertinence d'en conserver certaines en état de marche à l'image de ce que font les Anglais. Des cabines permettant par exemple d'appeler gratuitement un service d'urgence auraient pourtant du sens...

Néanmoins, au travers d'initiatives locales voire personnelles, certaines (quelques-unes en fait) retrouvent une seconde vie. L'opérateur Orange peut être amené à effectuer des donations aux communes désireuses de les réaménager. Le plus souvent en mini-bibliothèques. Et certaines se retrouvent dans les collections de passionnés.

Olivier Chicheportiche avec AFP