Pour les vacances de cet été, les Français se ruent sur les billets d'avion pour la Corse

Les Français qui réservent des billets d'avion pour cet été plébiscitent la Corse. - PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
Alors que les Français organisent leurs vacances plus tard que jamais à cause de la crise sanitaire, de premières tendances se dessinent. En ce début juin par exemple, seules 20% des réservations pour l'été enregistrées dans les agences de voyage françaises concernent l'étranger, contre 66% habituellement, a indiqué lundi Les entreprises du voyage, la fédération de la profession. Et parmi les destinations plébiscitées dans l’Hexagone, la Corse surfe sur le haut de la vague.
C’est en tout cas ce que perçoit le spécialiste de la vente de billets d’avions Misterfly. “Sur la semaine du 1 au 7 juin, nous avons vendu davantage de vols vers l’un des quatre aéroports corses -Ajaccio, Bastia, Calvi, Figari- que vers Paris. C’est extrêmement atypique, je n’avais jamais vu ça”, s’émeut Frédéric Pilloud, directeur du numérique chez Misterfly.
La valeur refuge de l'été
Il ne faut toutefois pas s’attendre à voir l’Ile de Beauté submergée de touristes. “Nos volumes de ventes de billets pour s’y rendre restent bien moindre par rapport à d’habitude”. Comme d’ailleurs, assez logiquement, vers toutes les autres destinations: seuls 1.700 voyages ont été achetés chez Misterfly cette première semaine de juin, dont un bon tiers vers Paris.
Cet intérêt pour les paysages sauvages de l’île française s’explique aisément pour Frédéric Pilloud: “nous sommes début juin, les clients ne pensent qu’à partir en vacances, et la seule destination où se rendre en avion dont ils sont sûrs qu’elle sera ouverte est la Corse. C’est un peu la valeur refuge de l’été”.
A l’opposé, l’Italie a “vraiment du mal”. Quand 6% du total des clients de Misterfly la choisissait à l’été 2019, elle ne pèse plus que 3% des volumes extrêmement réduits de voyageurs cette année. Un désamour qui s'explique de la même façon que le désintérêt pour la capitale française: “les Français qui vont en Italie d’habitude consomment beaucoup de ville et de culturel". Pour les plages, ils choisissent d'ordinaire plutôt l’Espagne ou le Portugal. "Et le tourisme urbain n’a pas la cote en ce moment, personne n’a envie d’aller visiter Le Vatican avec des milliers de touristes”, interprète-t-il.
Des prix de vols en forte baisse
Plus globalement, Misterfly remarque que les prix des billets d’avion ont baissé par rapport à la même période en 2019. Le prix des billets achetés la semaine dernière vers un aéroport français a ainsi été plus de 10% inférieur à celui de l’été 2019. Notamment grâce à la baisse du prix du pétrole, “sachant que le kérosène est le premier élément de coût de l’aérien”, rappelle le spécialiste.

Autre cause de ce recul des prix: les compagnies aériennes commencent tout juste à rouvrir les liaisons après des mois de confinement. “Or avec le yield management, qui établit la tarification en fonction de l’offre et de la demande, le coût des places est au plus bas quand on a des avions vides à remplir”.
Toujours en raison de cette offre pléthorique face à une demande encore timide, les prix des billets vers le Portugal ont chuté dans des proportions encore plus impressionnantes: de 25% par rapport à 2019. “Pour les Français qui partent en France, la concurrence entre compagnies est très réduite. Mais vers le Portugal, beaucoup de compagnies concurrentes rouvrent en même temps les mêmes routes, d’où ces baisses de prix massives”, décrypte Frédéric Pilloud.
Ces prix bas, associés aux semaines d’inactivité de l’industrie touristique, vont peser lourd dans les comptes des agences de voyage et des tour-opérateurs. Leur fédération estime leur manque à gagner pour l'année 2020 complète, entre 600 millions et 1 milliard d'euros, même après la prise en compte des mesures d'aides du gouvernement.
les intentions des français pour l'été 2020
Malgré la situation sanitaire, une majorité de Français ne compte pas renoncer aux vacances. Selon une enquête réalisée par BVA pour Les entreprises du voyage, 59% des Français interrogés comptent voyager cet été, contre 55% en 2019. Parmi eux, 87% projettent un séjour dans l'Hexagone, alors qu'ils étaient environ deux tiers les années précédentes.