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Malgré la loi alimentation, les prix ont finalement peu augmenté en magasins

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La loi agriculture et alimentation entrée en vigueur en février a eu tout compte fait un impact assez faible sur l'inflation des produits alimentaires.

La loi alimentation va-t-elle entamer le pouvoir d'achat des Français? Entrée en vigueur en février cette loi limite les promotions et oblige les distributeurs à augmenter leurs marges sur un certain nombre de produits, afin de mieux rémunérer les agriculteurs. Si cet objectif de "ruissellement" à destination du monde agricole fait douter les experts du secteur, il semblerait en revanche que la loi n'ait pas eu un impact si inflationniste en magasin.

Selon le panéliste Iri qui mesure l'évolution des prix de l'ensemble de la grande distribution en France, l'inflation n'a été que de 0,32% sur les produits concernés par la loi alimentation, principalement ceux de marques nationales dits "produits d'appel", durant le mois de février.

Un impact finalement assez faible, alors que des associations de consommateurs comme l'UFC Que Choisir craignaient une inflation comprise entre 0,7 et 2% pour les produits alimentaires. Or, en un an l'inflation de ces produits est limitée à 1,25%, soit moins que l'inflation globale en France mesurée par l'Insee à 1,3%.

Certes les produits concernés par la loi ont plus augmenté que l'ensemble des produits (+0,20% sur le mois de février) mais sans fortement entamer le pouvoir d'achat des consommateurs. Cela s'explique notamment par l'effort que les distributeurs ont consenti sur les prix de leurs produits à marque propre, les MDD. Car si durant cette période, les prix des marques nationales ont bien augmenté (comme sur le Ricard ou le Nutella par exemple) de 0,46%, les prix des MDD ont eux baissé de 0,43%. Alors que les enseignes ont dû augmenter leurs marges sur les produits de marques nationales ce qui a entraîné une hausse des prix, elles ont en parallèle baissé pour compenser celles de leurs marques propres.

"La loi fait l'affaire des distributeurs les plus chers"

Mais si l'inflation a globalement été contenue, elle a été bien plus forte pour les produits les plus achetés et dans les enseignes les moins chères qui ont du augmenter leurs marges pour se conformer à la loi.

Si on ne prend que les 25 produits les plus vendus (rillettes Bordeau Chesnel, Coca-Cola, pastis Ricard, huile d'olive Puget, Nutella etc.), l'augmentation des prix a été particulièrement forte chez Leclerc (+5,1% en février par rapport à janvier), Géant (+4,6%) et Intermarché (+4,4%). Très actives sur la guerre des prix, ces enseignes pratiquaient des prix bas en sacrifiant leurs marges. Ce qu'elles ne peuvent plus faire. Pour Michel-Edouard Leclerc, cette loi favorise donc avant tout les enseignes les plus chères:

"Cela démontre que la loi EGALIM fait d’abord (et avant tout !) l’affaire des distributeurs qui vendaient le plus cher, puisqu’elle aura obligé leurs concurrents les moins chers à relever leurs prix au niveau de ceux qui vendaient plus cher, assure le patron de l'enseigne bretonne sur son blog. On comprend que le syndicat des distributeurs cotés ait milité avec tant d’ardeur pour cette loi !"
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco