Lait infantile, hygiène... les prix des produits parapharmaceutiques gonflent

Lait infantile, eau nettoyante, crème lavante, compléments alimentaires... Le rayon parapharmacie n'est pas épargné par la hausse des prix. Depuis quelques semaines, les laboratoires pharmaceutiques annoncent les uns après les autres des augmentations de leurs tarifs, qu'ils justifient par le contexte géopolitique et la conjoncture économique, entre inflation, flambée des prix de l'énergie, du transport et des matières premières.
Le site e-commerce français Pharmazon, qui négocie, achète et stocke des produits de parapharmacie, d'hygiène ou encore des dispositifs médicaux pour les pharmacies, a relevé des hausses de l'ordre de 7% à 15% en seulement un mois.
"Sur les 250 laboratoires référencés, 170 m’ont déjà annoncé des augmentations tarifaires. Et ça tombe tous les jours. Je pense que début septembre, ils y seront tous passés", explique à BFM Business Audrey Lecoq, fondatrice de la plateforme.
Les gros laboratoires, premiers sur les hausses
Ces augmentations de prix sont surtout pratiquées par les grands laboratoires, pourtant plus susceptibles de rogner sur leurs marges.
"Ce sont surtout les grandes marques qui motivent leurs augmentations en les justifiant par le contexte géopolitique. Les plus petites marques font l’effort d’absorber les contraintes", dénonce Audrey Lecoq.
Pierre-Olivier Variot, président de l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), abonde. "Les gros laboratoires n'arrêtent pas de nous avertir de hausses de prix. C'est tous les jours en ce moment", témoigne-t-il.
Pour Audrey Lecoq, ces hausses sont "injustifiées", car les laboratoires ont déjà acté une augmentation des prix généralisée en fin d'année dernière, à cause de la crise sanitaire.
"L’'Ukraine invoquée pour tout et n’importe quoi, je n’y crois pas. En fin d'année dernière, on a fait des tours de table et 99,9% des laboratoires ont passé des augmentations au 1er janvier. Habituellement, elles sont de l'ordre de 2 à 3% alors que là, c'était 5%", déplore Audrey Lecoq.
Un effet boule de neige
Comme une machine infernale, dès qu'un laboratoire annonce une hausse des prix, c'est l'effet boule de neige.
"Le premier acteur qui a annoncé une augmentation tarifaire est L’Oréal, c’est d'ailleurs la plus grosse. Derrière, en un mois, on a reçu des communications de tous les autres laboratoires de parapharmacie. Dernièrement, ce fut le tour de l’orthopédie. Un labo a dégainé une hausse et maintenant, on en reçoit tous les jours", affirme la fondatrice de Pharmazon.
Le laboratoire La Roche-Posay, qui appartient au groupe L'Oréal, a ainsi fait passer le prix de sa crème lavante (200 ml) de 8,05 euros en 2021 à 8,45 euros en 2022. Par rapport à la période pré-covid, en 2019, son tarif a augmenté de près de 8,5%.
Autre exemple, le prix de l’eau nettoyante Mustela a augmenté de 1,36 euro en un an. En 2019, ce produit était vendu 6,31 euro, contre 9,10 euros cette année, soit une augmentation de 44%.

Même constat pour le lait infantile qui a bondi d'environ 3 euros en quatre ans. Achat essentiel pour les nourrissons, le lait pour bébé est le produit en parapharmacie qui a connu l'une des plus grandes flambées de prix.
Le lait bébé 2ème âge Calisma du Laboratoire Gallia est ainsi passé de 16,80 euros en 2018, à 19,53 euros en ce moment. Les augmentations sont aussi visibles sur Amazon grâce à l'outil de suivi des prix Keepa. Alors qu'en janvier, le pack de 3 paquets de 820 grammes était vendu 48,90 euros, il faut désormais débourser 50,13 euros.

"On a fait du stock pour les produits les plus vendus ou de première nécessité. Le lait pour bébé, j'en fais une affaire personnelle. Au moment où les laboratoires vous informent de l'augmentation des prix, ils ont deux mois avant de l'appliquer. Donc juste avant, j'ai fait du stock sur six mois pour certaines références. C'est une manière de contenir les prix. Mais il y a des contraintes de trésorerie et de dates de péremption", explique Audrey Lecoq.
La situation ne devrait pas s'arranger. Pharmazon et l'USPO s'attendent à de nouvelles hausses en fin d'année, quand les prix seront renégociés pour 2023. Et rien n'empêche les laboratoires d'augmenter à nouveau leurs tarifs en cours de l'année. Selon Audrey Lecoq, les contrats précisent que les termes peuvent être revus à tout moment, notamment pour des raisons géopolitiques.