BFM Business
Economie

Matières premières: la guerre en Ukraine aggrave la crise

placeholder video
Après la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, les marchés mondiaux des matières premières sont toujours en plein tourbillon. La hausse des prix devrait se poursuivre.

La guerre en Ukraine a aggravé une situation déjà tendue à cause de la crise sanitaire. Ce conflit marque une rupture historique sur le marché des matières premières, alerte la 36ème édition du célèbre rapport annuel CyclOpe. La première menace est celle d'une crise agricole.

A l'Est, la mer Noire est actuellement bloquée pour les envois de céréales. Les exportations de grains ukrainiens mais aussi russes ont fortement chuté. La situation ne devrait pas s'arranger puisque les semis de cultures ukrainiens n'auront quasiment pas lieu cette année, créant des manques sur le maïs, le tournesol et le blé.

Pour ne rien arranger, les pays les moins approvisionnés sont généralement les plus pauvres, à l'image de l'Egypte, du Liban, du Yémen ou encore du Pakistan.

D'autres facteurs font craindre des tensions sur les matières premières alimentaires. La sécheresse en Amérique du sud a affecté les cultures de maïs et de soja, et l'Inde a décidé de limiter ses exportations de blé, alors que le pays en est le deuxième exportateur mondial. Quant à la Chine, elle continue d'importer autant qu'avant pour gonfler ses stocks.

Poursuite de la hausse des prix

Conséquence, les prix vont continuer de flamber. Alors que le cours du blé atteint déjà son plus haut depuis la crise de 2008, à 438 euros la tonne contre à peine 200 il y a un an, certains prévoient une hausse jusqu'à 600 dollars.

Aux Etats-Unis, Joe Biden veut autoriser la culture de maïs sur les terres de la réserve foncière. Un maïs qui sera utilisé pour faire de l'essence à l'éthanol, alors que les prix des carburants flambent depuis plusieurs mois.

Après avoir frôlé les 140 dollars en mars, le prix du baril de pétrole reste instable. La Russie continue en effet d'avoir un poids important dans les exportations au niveau mondial. Les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés (Opep+) ont décidé d'une légère augmentation des quotas de production de pétrole, mais cela ne suffira pas à rivaliser avec les volumes de brut russe.

Quant à l'Europe, elle fait face à une "falaise énergétique", avec une dépendance accrue pour le pétrole et le gaz. Les prix spot du gaz ont explosé de 500% depuis le début de l'année. L'Europe est incapable de peser sur les prix de l'énergie.

"Des prix qui flambent, c'est au fond la partie émergée de tout l'iceberg des tensions géopolitiques. La crise avait déjà largement commencé en 2021. Nous vivons une conjonction de crises. La crise logistique fut peut-être la première, on la vit au quotidien avec la flambée du transport maritime, qui a perturbé les chaînes de valeurs", indique sur BFM Business Philippe Chalmin, économiste et auteur du rapport.

Hausse des prix des métaux

Le rapport CyclOpe pointe aussi la hausse des prix des métaux, très précieux pour l'industrie. Le cuivre a atteint un record historique à 10.700 dollars la tonne et reste instable, alors qu'il est vu comme un baromètre de l'économie. Il est également indispensable pour la transition énergétique, tout comme le nickel et le palladium.

La tonne d'étain et d'aluminium ont atteint 41.000 et 3180 dollars. Certains estiment que l'on est au début d'un super cycle des métaux avec une demande qui reste dynamique, portée par la reprise. L'offre est aussi contrainte aux aléas internationaux et à la désorganisation des chaines d'approvisionnement. Il y a également un peu de spéculation haussière sur les marchés.

Aude Kersulec édité par Pauline Dumonteil