"Je suis disponible pour la nation": Michel-Edouard Leclerc candidat en 2027? Qu'en pensent les Français?

Ce n'est pas un "non" franc et massif que Michel-Edouard Leclerc a opposé ce jeudi 13 février sur BFMTV à la question d'une éventuelle candidature.
Interrogé par Benjamin Duhamel sur la possiblité d'un scénario "Leclerc 2027", le patron du leader français de la grande distribution n'a pas fermé la porte.
"Je suis disponible pour la nation", a-t-il répondu sur un ton tout de même mi-ironique. Avant de reprendre son sérieux en affirmant qu'"en 2027, [il] nourrirai[t] ce débat."
Il y a dans les faits peu de chance que Michel-Edouard Leclerc (75 ans en 2027) brigue la mandature suprême dans deux ans. Son statut de vigie de la consommation, de "héros" du pouvoir d'achat voire souvent de critique de la classe politique est sans doute bien plus confortable.
"J'aime le débat public et ça me plait de participer dans mon pays au débat public pour faire évoluer la société, reconnaît-il. Je crois au primat du politique. C'est la m... aujourd'hui dans les rapports entre l'État, les parlementaires et tout ça. Je ne suis pas le feuilleton au jour le jour. Mais je pense que les patrons doivent œuvrer pour le pays."
Une bonne idée pour 65% des Français
Il n'est semble-t-il pas le seul. Interrogés par Toluna Harris Interactive* à la demande du fonds Frst Capital, les Français se montrent particulièrement enthousiastes à cette idée (enquête consultable ici).
Pour 70% des personnes interrogées, ce serait une bonne chose qu'un entrepreneur soit candidat en 2027. Encore mieux, 65% des Français seraient favorables à l'idée qu'un entrepreneur soit élu.
Selon ces Français, un chef d'entreprise a une très bonne connaissance des enjeux économiques et financiers (56%), recherche l’efficacité et la performance (49%), sait travailler en équipe (46%), sait comment attirer des investissements économiques en France (42%), sait comment mener des négociations (38%) ou encore n'a pas d’intérêt à poursuivre une carrière politique personnelle (36%).
Et c'est Michel-Edouard Leclerc qui incarnerait le mieux cet entrepreneur candidat. Avec 43% d'opinion favorable à une candidature, le distributeur arrive largement devant Bernard Arnault (34%), François-Henri Pinault (30%), Xavier Niel (29%) et Vincent Bolloré (28%).
Fait étonnant, l'hypothétique candidature Leclerc semble être transpartisane. 45% des électeurs de la France Insoumise y seraient favorables, 47% pour Ensemble (le parti d'Emmanuel Macron), 47% pour le Rassemblement national, 42% pour Les Républicains ou encore 44% pour le Parti socialiste.
Leclerc incarne le pouvoir d'achat
Leclerc candidat d'accord, mais voteriez-vous pour lui ? Là encore, le commerçant arrive en tête. 40% des personnes interrogées pourraient lui accorder leur suffrage. Devant Bernard Arnault (33%), Xavier Niel (28%) ou Stanislas Niox-Chatea, le patron de Doctolib(29%). Et à nouveau, lorsqu'on entre dans le détail de l'échantillon réduit des sensibilités politiques, Michel-Edouard Leclerc fait consensus. 47% des écologistes pourraient voter pour lui, 46% d'Ensemble, 44% de LFI et du PS, 43% de LR et 42% du RN.
Au-delà de sa personnalité, c'est le projet qu'il incarne qui semble dépasser les clivages, à savoir la sauvegarde du pouvoir d'achat. Priorité des Français depuis des années, ce thème est un éternel sujet d'inquiétude.
Ainsi, malgré le reflux de l'inflation, 48% des Français considèrent encore avoir perdu du pouvoir d'achat en 2024, soit le taux le plus élevé en Europe selon l'Observatoire Cetelem.
"La France s’illustre comme étant le seul pays à contre-courant avec la note la plus basse", rappellent les auteurs de l'étude qui parlent d'une "tendance historique des Français à être moins optimistes que la moyenne européenne".
Une crainte qui ne serait pas étrangère à l'omniprésence médiatique des patrons des grands groupes de distribution en France.
"Tout ça est entretenu par le discours des distributeurs comme Leclerc qui victimisent en permanence les consommateurs en se faisant passer pour le chevalier blanc, estime Benoît Heilbrunn, professeur de marketing à l'ESCP Business School. Quand on répète en boucle à la télé "je vais t'aider avec mes promos et mes cartes de fidélité" ça finit par influencer l'opinion."
*Enquête réalisée en ligne du 31 janvier au 4 février 2025. Échantillon de 1 077 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
