"Il faudrait que le lait soit vendu 1 euro" le litre pour rémunérer correctement les éleveurs

Alors que l'inflation galope dans les supermarchés, la hausse des prix profite-t-elle aux agriculteurs ? "La hausse des prix de vente est une bonne nouvelle, mais nous avons en parallèle la hausse des charges. L'énergie a augmenté de 39%, les engrais [azotés] ont augmenté de 135% […] Malheureusement, au bout du compte, ça ne fait pas but. Et la sécheresse qui vient se surajouter, notamment pour les éleveurs d'animaux […], renchérit encore nos coûts de production", a répondu ce jeudi matin la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, sur BFM Business.
La hausse des prix, "ce n'est pas Byzance" pour les agriculteurs car elle "ne couvrira pas la totalité de nos charges", a expliqué la présidente du principal syndicat agricole. "On cumule la flambée de l'énergie, l'effet Ukraine et puis maintenant la sécheresse, c'est beaucoup pour une seule année, c'est beaucoup pour les producteurs qui voient leurs revenus fondre", a-t-elle ajouté.
"Pas de vaches premier prix"
Christiane Lambert assure que les agriculteurs "comprennent la préoccupation" des Français en matière de pouvoir d'achat, mais "il faut aussi comprendre la préoccupation d'un éleveur qui se lève tous les matins, qui soigne ses animaux tous les jours, 24 heures sur 24, samedi dimanche et jours de fête, réveillon compris" et ne peut pas correctement gagner sa vie. La présidente de la FNSEA pointe notamment du doigt un prix du lait trop bas en France, "un des rares pays" où l'on trouve du lait "premier prix" dans les supermarchés, a-t-elle regretté.
"Moi, je n'ai pas d'éleveur qui ait des vaches 'premier prix'. Ils ont des vaches. Du lait 'premier prix' à 72 centimes, ça ne paye pas le producteur. Tout son travail est mis à néant pour des promos", a souligné Christiane Lambert. Le succès du lait à 99 centimes de la marque C'est qui le patron montre "que les consommateurs, si on leur explique, comprennent qu'on ne peut pas acheter un lait 72 centimes quand le producteur ne gagne pas sa vie", a-t-elle noté.
La présidente de la FNSEA appelle à retrouver de la "cohérence" dans le prix du lait, accusant la grande distribution de "traîner en longueur" sur le sujet. "Objectivement, il faudrait que le lait en France soit vendu au consommateur comme en Allemagne à 1 euro [le litre] pour que les producteurs gagnent leur vie", a-t-elle assuré.