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"De fortes tensions sur les approvisionnements": faut-il vraiment craindre une pénurie d'œufs?

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Depuis quelques jours, plusieurs supermarchés peinent à approvisionner leurs rayons en oeufs. Des tensions qui s'expliquent par une forte hausse de la demande alors que la production est stable, assurent les professionnels.

En Alsace, en Provence, en Occitanie… Ces derniers jours, plusieurs médias locaux aux quatre coins de l’Hexagone ont relayé les difficultés des consommateurs à trouver des œufs dans certains supermarchés. "J'en voulais six pour faire un gâteau à l'ananas, mais il n'y a plus rien du tout!", témoignait auprès d’ici Provence une cliente d’un magasin de Pertuis (Vaucluse). "Je ne vois rien du tout. Il n’y a plus d’œufs", déplorait une autre auprès d’ici Bourgogne-Franche Comté, dans un magasin de Belfort cette fois.

Au point de craindre une pénurie? Interrogé sur BFMTV, le secrétaire général du syndicat français des producteurs d'oeufs (SNIPO), Thomas Bartlett, confirme une situation tendue: "Effectivement, on voit dans certains supermarchés des rayons clairsemés. On a des tensions très fortes sur les approvisionnements en œufs".

Pour autant, "on ne parle pas de pénurie puisqu’on a une production qui reste stable, mais effectivement il y a des difficultés au niveau des chaînes d’approvisionnement pour livrer les supermarchés", précise-t-il.

L'oeuf victime de son succès

Directeur commercial du panéliste Nielsen IQ, Emmanuel Fournet, évoque "des niveaux de rupture qui ne sont pas du tout proches d’une pénurie". "On est à peu près à 12% de rupture", indique-t-il, ce qui est tout de même "4 à 5 points de plus que l’année dernière à la même période".

Dans les magasins concernés, l'oeuf semble surtout être victime de son succès. "L'année dernière, on a vendu 7 milliards d'oeufs en hyper et supermarchés, c'est 3% de plus que l'année d'avant", observe Emmanuel Fournet.

Et l'appétit des Français pour les oeufs semble se renforcer année après année: "C'est vrait que l'oeuf a été un produit star des deux-trois dernières années parce qu'en période d'inflation, quand les protéines animales coûtent très cher, les consommateurs vont plutôt se tourner vers les oeufs (...)", poursuit le spécialiste de la consommation. S'il n'a pas été épargné par l'inflation, l'oeuf reste en effet un produit accessible: "On était à 28 centimes l'oeuf en début d'année, on (vient) de passer au-delà des 29 centimes", ajoute Emmanuel Fournet.

L'oeuf dispose d'autres qualités: "C'est un aliment qui est simple à cuisiner avec des qualités nutritionnelles biens reconnues", rappelle Thomas Bartlett. Ce dernier confirme la "demande croissante année après année avec des records de ventes ces derniers mois et dernières semaines" qui font qu'"on a vraiment des enjeux au niveau de la filière pour augmenter la production et répondre à cette hausse continue de la demande". Le secrétaire général du SNIPO tient néanmoins à rassurer le consommateur: "La production n'est pas touchée par la grippe aviaire comme ce qu'il se passe aux États-Unis, on a une production qui est vraiment stable par rapport aux années d'avant".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco