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Christiane Lambert (FNSEA): "Il faut qu'on arrête de brider la production française" de blé

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Alors que la guerre en Ukraine a de lourdes conséquences sur le secteur agricole, Christiane Lambert (FSNEA) était l'invitée de Good Morning Business.

C'est une des conséquences de la guerre en Ukraine: un risque important pour l'économie mondiale, et en particulier pour l'agriculture, alerte Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, invitée de Good Morning Business ce vendredi 4 mars.

"C'est une situation qui inquiète tous les Français, d'abord au plan humain, c'est dramatique. Au plan économique, c'est également très préoccupant, nous savons que la Russie livre 17% du gaz à la France, 23% du pétrole (...) et énormément d'engrais (...), dont le prix a augmenté de 138% l'an dernier, et cela va continuer, et donc nous avons une vraie crainte d'impact sur l'économique agricole."

Dans ce contexte, Christiane Lambert a salué "le courage" de Dominique Schelcher, président de Système U, qui alertait hier sur la hausse des prix de 3% pratiquée par ses enseignes, mais qui devrait être suivie d'autres augmentations.

"C'est mécanique, si toutes les charges de production augmentent pour les agriculteurs (...), il faut pouvoir répercuter jusqu'au bout, sinon c'est le risque de faillite pour les élevages, dans le porc notamment. (...) Si on produit moins, on est plus dépendant, on risque d'importe plus cher", explique Christiane Lambert.

"Géopolitique du blé"

La présidente de la FNSEA exige de Bruxelles "qu'on arrête de brider la production française":

"Quand on dit que l'Ukraine et la Russie représentent 30% du blé mondial et qu'en même temps, l'Europe dit 'nous n'allons pas produire sur 4% de nos sols', au nom de protection de l'environnement, qui n'ont pas autant d'efficacité qu'ils le pensent, nous disons: il faut produire sur les hectares européens pour compenser ce qui ne sera pas produit ailleurs, sinon nous allons manquer de céréales. Dans certains pays le stock de céréales ne tient que jusqu'à avril, c'est le cas de l'Egypte et d'autres pays africains. Ceux par exemple qui n'ont pas voté la résolution de l'ONU car ils craignent les mesures de rétorsion de la Russie."
"La géopolitique du blé, c'est montrer qu'il y en cascade un certain nombre de conséquences très importantes (à la guerre en Ukraine)", résume-t-elle.

Un conflit qui provoque en effet son lot de bouleversements:

"Nous sommes au printemps, normalement c'est la période des semis dans un mois et demi, deux mois nous livrons beaucoup de semences à l'Ukraine, ils ne pourront pas cette année semer de maïs, pas de tournesol, les cultures de printemps, ou récolter leur blé. Nous savons aussi que quand les chars russes arrivent dans les fermes, beaucoup (d'agriculteurs ukrainiens) brûlent les tracteurs et les moissonneuses batteuses pour ne pas abandonner tout à l'ennemi. De façon certaine, il y a une baisse de la production en Ukraine, économiquement c'est dramatique, et pour les pays acheteurs de ces produits à l'Ukraine, c'est aussi dramatique."

Pour la présidente de la FNSEA, ce conflit "met en avant deux éléments: l'importance de la sécurité énergétique et de la sécurité alimentaire, les deux besoins premiers". Deux volets sur lesquels, "l'Europe a des possibilités et ne doit absolument pas désarmer".

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto